Reclassement des praticiens hospitaliers : Un micmac doublé d’une « arnaque »

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La SNPHARE monte au créneau. Dans son viseur ? Les modifications des échelons de praticiens hospitaliers primo-nommés pénalisent durement ceux déjà en poste. Une mesure qui se traduit depuis octobre par la suppression des trois premiers échelons, et qui sera accompagnée, dès janvier, par la création de trois nouveaux échelons en fin de carrière. 

Reclassement des praticiens hospitaliers : Un micmac doublé d’une « arnaque »

« Une arnaque ». C’est par ces mots que le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateur (SNPHARE) décide de qualifier la suppression des trois premiers échelons pour les praticiens primo-nommés. Une mesure visant à favoriser « l’attractivité » de la carrière hospitalière, inéquitable pour ceux déjà en poste. 

Concrètement, il s’agit de quoi ? Depuis octobre, les praticiens qui débutent leur carrière hospitalière commence à un équivalent d'ancien échelon 4. Une donne qui se traduit en salaire puisque la rémunération de début de carrière passe de 4 130 euros à 4 411 euros. « En réalité, les praticiens hospitaliers n’y gagnent pas grand-chose à part les primo-nommés », assure la vice-présidente du syndicat, le Dr Emmanuelle Durand. 

Et pour cause : cette mesure ne concerne en effet que les nouveaux arrivants. Une nouvelle grille qui fait « perdre à l’ensemble des praticiens nommés avant 2020 4 ans d’ancienneté vis-à-vis de ceux nommés à partir de cette année », selon le communiqué. Ce qui pénalise durement ceux arrivés récemment. « On a eu une vague de questions venant des jeunes. Eux, ils étaient à l’échelon 4 et ils sont reclassés échelon 1 sans reprise d’ancienneté », indique la syndicaliste. Et de préciser : « Les jeunes aux premiers échelons de l’ancienne grille seront moins bien payés que ceux qui arrivent ». 

Une colère qui agite les syndicats depuis de longs mois, réanimée par l’approche de la mise en place d’un nouveau décret qui devrait rentrer en vigueur à partir de janvier 2021. Au programme ? La mise en place de trois échelons supplémentaires en fin de carrière. « Cette mesure […] permet de prendre en compte l’allongement des durées des carrières et, pour les praticiens parvenus au 13ème et dernier échelon de la précédente grille, de bénéficier d’une nouvelle perspective d’évolution salariale avant leur départ à la retraite », argue le communiqué de presse du décret. 

Autrement dit, un « carnage » selon la SNPHARE qui assure que ce décret « allonge tellement les carrières qu’il rend inaccessible le ou les derniers échelons ». « Je suis passée cette année à l’échelon 10 de l’ancienne grille. Sur la nouvelle grille, je suis reclassée échelon 7 car les premiers échelons ont sauté, illustre la vice-présidente. Pour les primo-nommés, cet échelon correspondrait à 12 ans d’ancienneté – alors que j’en ai 16 ». Une différence qui se compterait en deux décennies supplémentaires de travail pour arriver à l’échelon 13, selon elle. 

Un ensemble de « mesures d’attractivité » qui a poussé l’Action Praticiens Hôpital (APH) à récemment déposer un recours. « Si vous faites deux grilles, c’est inéquitable, souligne le Dr Emmanuelle Durand. Ça ne répond plus au statut de praticien hospitalier ». Désormais, le syndicat exige que des « dispositions transitoires soient appliquées à l’ensemble des PH nommés avant 2020 ». Comprendre, que tout le monde regagne ses échelons de manière équitable !

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