Pour une autre formation médicale initiale

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L’évolution des sociétés industrielles riches s'accélère : explosion des techniques en information, biologie, génomique, sciences cognitives et nanotechnologies. Les malades, plus informés, deviennent acteurs de leurs destins. Tout cela bouleverse la place du médecin. Ce tsunami obligera l’université À évoluer afin de professionnaliser ses formations, selon les données sans cesse nouvelles de la science et les conséquences sociétales du progrès.

Pour une autre formation médicale initiale

Une certitude : Le médecin généraliste sera le spécialiste clef de l'organisation sanitaire. Il exercera en partenariat et responsabilité partagée avec les autres professionnels. Il ne sera plus seul dans son cabinet, ayant face à lui un malade, acteur de sa santé.

Dressons le schéma d’un cursus universitaire mieux adapté aux exigences du métier.

 

La sélection : il importe de sélectionner les étudiants selon les notes du lycée, voire après une « prépa santé » où ils seraient informés des métiers de la santé, aidés à jauger leurs aptitudes pour mieux s’orienter.

Un examen écrit et un oral compléteraient la sélection. L’oral, tant honni des carabins pour des raisons « mandarinales » n’ayant plus lieu d’être, serait une chance de se rattraper. Métier de communication, la médecine praticienne demandera des professionnels mieux rodés à la discussion et l’écoute.

La sélection sera ouverte à toutes les filières du bac, plus aux seules sciences dures.

 

Le financement des études : des bourses existeront selon une péréquation du prix des inscriptions variant selon les revenus familiaux et personnels.

 

Le contenu des études : moins de matières dites fondamentales, plus de communication, d’histoire de la médecine et des idées, d’économie, de santé publique, de travail collaboratif. Bref un cursus préparant concrètement les étudiants à leur futur métier.

La durée du cursus : 8 ans dans le cadre du LMD.

 

La spécialisation : les étudiants opteraient pour une spécialité selon leurs résultats des 3 ans de licence. Les filières seront différentes dès le master car on ne forme pas de la même façon un généraliste, un spécialiste médical, un chirurgien, un chercheur... Un droit au remord pourra exister sans redoublement.

Le doctorat servirait à approfondir la spécialité avec des responsabilités hospitalières sous la gouverne d’un senior.

L’ECN disparaitrait, les universités autonomes sélectionnant elles-mêmes les meilleurs candidats pour les besoins régionaux.

Les cursus seront diversifiés avec de multiples passerelles.

 

Ouvrons grand les portes de nos facultés, que l’air frais s’y engouffre !

 

Sans une telle réforme, la place du médecin dans la France du XXIème siècle ne sera plus celle que les jeunes espèrent à juste titre, compte tenu des efforts auxquels ils consentent pour réussir.

 

*Guy Vallancien est professeur d’urologie à l’université Paris Descartes, président de l’école européenne de chirurgie et auteur de plusieurs rapports ministériels.

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