PASS : de bon classement à recalés, le désespoir d’une cinquantaine d’étudiants parisiens

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Cette première année de réforme des études de santé aura été chaotique jusqu’au bout. Une cinquantaine d’étudiants, pourtant bien classés après l’écrit se retrouvent sur le banc de touche après l’oral. Impréparation, défaut d’informations, inégalités… Ils dénoncent le bouquet final d’une année éprouvante.

PASS : de bon classement à recalés, le désespoir d’une cinquantaine d’étudiants parisiens

« Nous vous avons déjà fait part, de façon individuelle, via le Moodle PASS, et via mails individuels de nos interrogations, questions et constats des manquements, erreurs et injustices rencontrés dans le cadre de l'épreuve orale PASS (Groupe 2), dont les premiers résultats ont été publiés entre le 7 et 8 Juillet 2021. »

C’est par ces mots que débute la lettre du Collectif Etudiant PASS 1ere année UP - 2021 adressée à la Présidente et au Doyen de l’Université de Paris. Derrière ce collectif, des étudiants et leurs parents. Après la publication des résultats, 50 étudiants des nouveaux PASS se sentent lésés et épuisés.

Après publication des résultats des écrits, ils faisaient partie des heureux élus. Ils figuraient dans les 520 étudiants du numerus apertus. Mais cette année, changement de taille, seuls les 260 premiers sont « grands admissibles » et accèdent à la 2ème année. Pour les autres, et jusqu’au 1000ème, il leur restait une étape à franchir : un oral. Et c’est justement ce dernier qui a posé problème au collectif. Les élèves et leurs parents dénoncent l’impréparation des étudiants à cette épreuve ainsi qu’une pondération injuste entre l’oral et l’écrit.  

« Nous sommes 50 étudiants à nous retrouver dans la même détresse. Nous sommes un collectif d’étudiants classés dans le numerus et qui ont été balayés pour un oral de 20 min et on ne sait même pas pourquoi on est recalé », témoigne Gaspard*, étudiant membre du collectif. Les oraux se sont scindés en deux épreuves, de 10 min chacune. « Lors de la première une question était posée à l’étudiant qui avait 1 min den préparation, devait argumenter pendant 4 min et pendant 5 min le jury lui posait des questions. Le 2ème sujet, l’analyse de graphique bénéficiait de 10 min de préparation, puis une présentation de 5 min dans une approche structurée », précise Jean*, père d’une étudiante concernée.

Au cœur du débat, la pondération de l’oral par rapport à l’écrit. « On nous a annoncé oralement que les épreuves orales et écrites comptaient chacune pour 50%. Et finalement, les oraux comptent pour 70% de la note finale », déplore Lia*, également membre du collectif. Résultat, la note de rang peut redescendre de façon importante malgré de bonnes notes et faire perdre des centaines de places dans le classement. Gaspard nous raconte notamment l’exemple d’une jeune étudiante qui était à 17 places des grands admissibles et se retrouvent finalement à perdre 500 places malgré de très bonnes notes et doit donc dire au revoir à sa place en 2ème année.

Les étudiants dénoncent également un manque de préparation pour cette épreuve inédite. « Pour seule formation, nous avons eu un webinaire d’1h30, un mois et demi avant les oraux. Avec seulement des conseils bateaux : articuler, respirer, bien s’habiller. Ils ont beaucoup insisté sur le fait que le jury serait bienveillant, ce qui n'a pas du tout été le cas (ils ne disaient parfois même pas bonjour) et que la seule chose à retenir était que l’oral ne devait pas évaluer les connaissances. Or, j’ai eu des questions de connaissances, de mathématiques que nous n’avons étudié ni à la fac ni au lycée. Puis, 12 jours avant les oraux, il y a eu un changement de modalités, on est passé d’une analyse d’articles à une analyse de figure. Nous n’étions pas préparés à ce genre d’exercice », ajoute la jeune fille de 17 ans.  

Un oral qui emporte la partie, alors que la préparation de l’écrit a pris toute l’année, comme le déplorent les étudiants. « On a passé 234 cours magistraux pour l’écrit pendant environ 9 mois. Cela s’est articulé sur la P1 que tout le monde connait, le concours écrit qui a une réputation, on sait très bien que tout le monde se prépare très à l’avance, on travaille de manière acharnée, c’est un combat pour un millième de places, et c’est le jeu. C’était pour notre vocation. Mais on a envie de savoir que tout le travail acharné n’était pas pour rien », explique Gaspard.

Des actions dans l’espoir de réintégrer le cursus

« Hier devant l’université, une vingtaine d’étudiants se sont rassemblés avec des parents devant le bâtiment du bureau du doyen. Un parent et un élève ont demandé de rentrer pour lui donner une lettre, il a refusé de les recevoir, on a laissé la lettre à la secrétaire. L’université n’est pas prête à régler cela sans justice. Le doyen a remis une lettre disant que c’étaient les règles du jeu, mais ce n’est pas du tout ce qui nous avait été annoncé », ajoute Lia. 

« En l'absence de réponses et de propositions de la part de l'Université Paris, à cette heure, nous nous permettons de revenir vers vous, en démarche collective, avec une synthèse des manquements constatés accompagnée d’une proposition de solution. Cette démarche est préalable à une action judiciaire (Référé Suspensif en Urgence), si les préjudices anticipés sont confirmés lors des admissions prévues dans les prochains jours », précise d'ailleurs la lettre du collectif. 

« On veut juste se faire entendre en proposant une solution, que l’université prenne en compte notre douleur », rappelle le jeune homme de 19 ans. « On espère pouvoir réintégrer la cinquantaine d’étudiants qui étaient dans le numerus, certains ont réussi à se classer, on ne veut pas les faire sortir », ajoute Lia. « Les étudiants sont dans une démarche constructive et positive, ils ne veulent pénaliser personne mais ont besoin d’une solution maintenant, on est déjà le 13 juillet », rappelle Jean.

Et les étudiants veulent que cette erreur serve de leçon pour ajuster les épreuves pour les prochaines générations. « Il est important de mieux préparer les étudiants, leur donner les grands thèmes, sujets susceptibles de tomber, les préparer avec des professeurs et ne pas changer les modalités au dernier moment et il faut également changer la pondération entre les notes écrites et orales », conclut Lia.

*Les prénoms ont été changés

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