
« Je n’ai jamais voulu devenir médecin. Pour moi, j’ai toujours voulu être chirurgienne », c’est dans des livres sur la chirurgie de guerre au XVIIIe et XIXe siècles que Dr Marie Selvy a trouvé sa vocation. Initialement attirée par la chirurgie orthopédique, elle déchante lors de ses premiers stages. « L’orthopédie c’est beaucoup de calculs et moi j’avais plutôt envie de faire de la physiopathologie et réfléchir sur les maladies », affirme-t-elle. Elle découvre alors la chirurgie viscérale, et « accroche » immédiatement. La grande variété des cas cliniques et les nombreuses discussions entre confrères autour de la prise en charge des patients, caractéristiques de cette spécialité, passionnent la chirurgienne qui est persuadée qu’elle découvrira des « dossiers » inédits jusqu’à la fin de sa carrière. Surspécialisée en chirurgie colorectale et proctologique, elle tire une grande satisfaction de la gratitude de ses patients. « Ce ne sont pas toujours des gestes chirurgicaux très glorieux mais ils sont utiles pour les patients », explique la chirurgienne.
« Contrairement à certains patients qu’on traite d’un cancer et qui vous disent à peine merci, quasiment tous les gens que vous opérez d’hémorroïdes ou de fissures anales vous remercient grandement. Ils sont très reconnaissants et c’est valorisant ! »
« Être chirurgien en 2025, ce n’est pas juste opérer et voir des malades. C’est également faire avancer la médecine, les protocoles et la prise en charge des patients », affirme Marie Selvy qui participe à plusieurs protocoles de recherche sur le développement durable au bloc opératoire. Vice-présidente du CERES, un groupe interdisciplinaire et interprofessionnel regroupant plusieurs sociétés savantes et associations professionnelles, fortement impliqué dans les thématiques santé et environnement, elle s’investit également à l’échelle locale pour réduire les émissions de CO2 des établissements de soins de la région de Béziers.
Chirurgienne, écolo… et maman
Initialement engagée dans une carrière universitaire, elle a quitté le CHU de Clermont-Ferrand il y a quelques années pour rejoindre le CH de Béziers où elle jouit d’un équilibre « optimal » entre vie professionnelle et personnelle. « J’ai une super activité, un entourage professionnel au top et à côté de ça du temps pour mes enfants », détaille la chirurgienne. Cet équilibre n’a pas été facile à trouver pour Marie Selvy, qui a bataillé pendant ses trois grossesses pour voir ses conditions de travail aménagées. « J’ai eu mon premier enfant en étant interne. Il fallait que je valide mon semestre et je ne me suis pas écoutée. Mon petit était prématuré et les médecins m’ont répété tous les jours que c’est mon travail qui avait posé problème. À partir de là, je me suis dit que plus jamais je ne vivrai ça ! ». Pour ses deux autres grossesses, la chirurgienne a dû se « battre becs et ongles » pour arrêter les gardes, réduire les blocs ou simplement être équipée d’un tabouret pendant les longues opérations quand elle était enceinte. « On me répondait « t’as qu’à te mettre en arrêt » ». Je ne vais quand même pas m’arrêter d’exercer juste parce que vous n’êtes pas capables de vous adapter un minimum ! », s’indigne-t-elle.
Cette « addict au bloc opératoire et au geste chirurgical » a pourtant voulu arrêter la médecine « une dizaine de fois », car c’est un parcours qui demande « beaucoup de sacrifices » et « une grande endurance ». « Mais la chirurgie, qui reste un métier-passion, vaut la peine car c’est un métier qui permet d’aider les gens dans leur vie, à petite ou grande échelle, et c’est cela dont il faut se rappeler ! ».