L'uberisation, le court-circuit qui se généralise

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Mais existe-il vraiment en santé ?

L'uberisation, le court-circuit qui se généralise

« Uberisation ». Ce terme se retrouve aujourd’hui partout et dans n’importe quel contexte. Encore la semaine dernière, l’Ordre accusait des plateformes de télémédecine en ligne « d’uberisation de la santé ». Mais l'utilisation du néologisme est-elle réellement justifiée ici ?

 

La dernière polémique a été lancée par un site de téléconseil médical, en ligne depuis le début du mois : deuxiemeavis.fr. Le site propose de fournir l’expertise de médecins reconnus dans leur spécialité. Et ce n’est pas qu’un simple échange téléphonique qui est proposé ici, mais un examen complet du dossier médical par l’expert, qui fournit alors son « deuxième avis médical ». Tout ceci pour la modique somme de 295 euros.

En réponse au lancement de ce site de téléconseil, le Conseil national de l’ordre des médecins a réagi vendredi dernier en diffusant un communiqué de presse, annonçant : « avoir lancé une mission pour examiner la conformité de diverses prestations médicales en ligne au regard de la déontologie médicale ». Visant en particulier « la mise en ligne d’une plateforme qui propose via un site Internet un deuxième avis médical annoncé comme « d’expertise » », il dit craindre une « dérive vers du commerce électronique non régulé qui réduirait la pratique médicale à une simple prestation électronique moyennant rétribution, via des plateformes du secteur marchand ». Et il parle d’« ubérisation de la santé ».

La véritable uberisation de la santé

La question de la marchandisation de la santé est réelle. Mais peut-on parler « d’uberisation » ici ? L’origine du néologisme vient de « Uber », cette entreprise qui met en relation des chauffeurs privés directement avec leurs clients par le biais d’une application. Pour deuxiemeavis.fr en revanche, il ne s’agit pas de court-circuiter le médecin traitant, étant donné que c’est un second point de vue. Dans ce cas, difficile de parler d’« uberisation » donc.

Un cas de vraie « uberisation de la santé » semble pourtant exister. Direction l’Australie. Doctors for Australia est une application qui a décidé de passer outre les agences d’intérim qui « fournissent » habituellement les établissements en remplaçants. Elle met directement en relation les médecins qui cherchent à travailler et les hôpitaux qui ont besoin d’eux. Plus de frais intermédiaires, le contact est direct.

En Inde, il existe aussi l’ « uberisation des ambulances », mais ceci est une autre histoire.

Source:

Cécile Lienhard

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