Les soignants birmans sont devenus des cibles

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Presse auscultée. Pour protester contre le coup d’État survenu en février, les soignants étaient descendus dans les rues. Alors que l’épidémie guette, nombreux sont ceux qui se cachent désormais pour échapper à l’armée birmane.

Les soignants birmans sont devenus des cibles

Ils étaient les premiers à dire « non ». Début février, les soignants birmans débutaient une grève illimitée. Une opposition au putsch qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi qui leur vaut d’être devenus l’une des cibles de l’armée birmane. Une actualité internationale décryptée par France 24.

« J’ai pris le temps de renvoyer mes patients chez eux puis je suis parti manifester », se souvient pour nos confrères Ryan, un spécialiste en médecine interne de 32 ans. Une mouvement contestataire initié par les soignants depuis rejoint par d’autres corps de métiers, comme les enseignants, les étudiants ou les fonctionnaires. « Cette aura leur vaut aujourd'hui d'être l'une des cibles de la Tatmadaw, l'armée birmane. », explicite au média français Jennifer Leigh, épidémiologiste chargée de surveiller la situation en Birmanie pour l'ONG de défense des droits humains Physicians for humans rights.

« Face à une répression d’une violence inouïe » pourtant, les manifestants ont peu à peu déserté les rues birmanes. « Au total, près de 900 personnes sont mortes depuis le 1er février, selon le décompte effectué quotidiennement par l'Association pour l'aide aux prisonniers politiques (AAPP) », écrit France 24. Parmi elles ? Douze professionnels de santé. Et, « 157 médecins ont été emprisonnés, officiellement pour « troubles à l'ordre public », poursuit le média.

Un bilan qui pourrait d’ailleurs ne pas être définitif. « Quatre cents médecins et 180 infirmiers sont toujours visés par des mandats d’arrêt, poursuit l’épidémiologiste. Ils sont présentés comme des 'ennemis de l'État'. Leur photo circule dans les médias, avec récompense à la clé pour quiconque fournirait des informations sur le lieu où ils se trouvent ».

Si de nombreux soignants ont choisi la fuite, d’autres tentent encore de soigner dans des hôpitaux « improvisés » qui proposent des « prises en charge basiques » et « entièrement gratuites ». Une activité de soin qui n’est pas sans risque. « 73 centres de soins ont ainsi été pris d’assaut depuis le coup d’État, les militaires mettant à sac les lieux à la recherche de ces soignants dissidents », expliquent nos confrères. « Pour le moment, j'ai décidé de rester ici, mais je suis prêt à fuir si cela est nécessaire », témoigne, de son côté, Ryan.

Pour autant, leur mobilisation est précieuse à l’heure épidémique. Si les militaires sont parvenus à rouvrir quelques établissements de santé, ils ne parviennent pas à fournir une offre suffisante compte tenu du manque d’effectifs. Une pénurie qui s’observe alors que le nombre de cas birmans se multiplie. « Jeudi 1er juillet, 1 500 cas de Covid-19 ont été enregistrés dans le pays, alors que le rythme était d'environ 100 par jour début juin », précise France 24. Et Jennifer Leigh de conclure pour nos confrères : « Cette crise politique est en train de provoquer une catastrophe sanitaire. » Pour en savoir plus, c’est par ici.

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