Les psychologues remboursés : «Le tarif de 30€ est en deçà du tarif pratiqué, mais c’est une avancée de reconnaître cet acte de soins»

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Les psychologues volontaires pour qu’une partie de leurs patients soient remboursés par la Sécurité sociale peuvent s’inscrire depuis le 17 février sur monpsy.sante.gouv.fr/. Quelles sont les avancées et limites de ce nouveau dispositif ? Interview de Gladys Mondière, présidente de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP), qui a participé aux négociations.

Les psychologues remboursés :  «Le tarif de 30€ est en deçà du tarif pratiqué, mais c’est une avancée de reconnaître cet acte de soins»

What’s up Doc : En quoi l’adoption de ce remboursement est-il une avancée pour les psychologues ?
 

Gladys Mondière : C’est la première fois que le ministère de la Santé rembourse une discipline dans le champ des sciences humaines, hors du champ médical et paramédical. C’est une forme de reconnaissance de notre profession. Cela va faire un peu la part des choses aussi entre tous les « thérapeutes » : le dispositif fonctionne uniquement pour les professionnels ayant le titre de psychologue et le numéro Adeli. Cela fait des années qu’une majorité de psychologues libéraux demandait un remboursement. Maintenant, il va falloir qu’ils se familiarisent avec le système du conventionnement et tout l’administratif qui va avec, j’ai déjà beaucoup de questions à ce sujet.

 

Cela va-t-il leur permettre d’élargir leur file active de patients, notamment pour les jeunes psychologues ?  
 

G.M. : Peut-être en partie, mais le dispositif prévoit que les psychologues doivent avoir trois ans d’ancienneté minimum pour y entrer. Par ailleurs, il offre la possibilité d’avoir une partie de notre activité conventionnée et l’autre non et de poursuivre ainsi notre activité antérieure. Enfin, l’adressage par les médecins généralistes nous semble une avancée par rapport à la prescription de séances initialement prévue et qui ne convenait pas aux psychologues, car elle impliquait une paramédicalisation de notre profession. Nous sommes issus des sciences humaines et la prescription n’a pas de sens.  
 

 

Quelles sont les limites de ce dispositif ?

G.M. : Le nombre de séances : 8 par an, renouvelables l’année suivante. Mais lorsqu’une personne ne va pas bien, c’est insuffisant, il aurait fallu pouvoir renouveler 8 séances la même année. Lors de ces négociations, nous avons appris à connaître l’enveloppe budgétaire contrainte de la CNAM… Concernant le tarif, fixé à 40€ la première séance et 30€ les suivantes, nous regrettons qu’il soit en deçà du tarif moyen actuel des psychologues libéraux (entre 50 et 60€). Un certain nombre de psychologues auraient souhaité la possibilité d’un dépassement d’honoraire. Néanmoins, dans la palette actuelle des tarifs des professionnels de santé libéraux, nous sommes positionnés raisonnablement.

 

Le contexte de pandémie et de difficultés psychologiques pour de nombreuses personnes a-t-il joué dans cette décision ?

G.M. : Oui certainement, mais nos travaux avaient démarré juste avant. Très rapidement, au début de la pandémie, je me suis dit que cela allait complètement changer la donne. On a vu l’urgence de proposer des prises en charge psychologiques pour les jeunes et moins jeunes qui allaient mal. Quand un enfant de 5 ans doit attendre 10 à 15 mois pour un rendez-vous en CMP c’est très long à l’échelle de sa vie !

 

Pour quels profils de patients cette mesure permettra-t-elle d’améliorer la prise en charge ?

G.M. : Les indications sont les troubles anxieux et dépressifs légers à modérés, les épuisements professionnels sans troubles dépressifs majeurs, les troubles légers chez l’enfant. Dans la période actuelle, de nombreuses personnes sont concernées par des problématiques de deuil, de séparation, de traumatisme. Nous allons pouvoir leur apporter un soutien à minima, soutien que le service public n’est aujourd’hui plus en mesure d’assurer.
 

D’après vous, cette annonce va-t-elle entraîner un afflux de demandes ?
 

G.M. : C’est nouveau, donc il va falloir que les médecins généralistes s’approprient le dispositif et le fassent connaître à leurs patients. Ce n’est pas naturel d’aller chez un psy, ni du côté de la population, ni du côté de tous les médecins généralistes. Pourtant, l’objectif de ce dispositif est de dire : « Oui, c’est possible d’aller voir quelqu’un. Oui, par la parole, il est possible d’aller mieux ».
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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