Les centres de santé communautaires sont testés en France

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L’offre en santé sexuelle existante ne répond qu’imparfaitement aux besoins particuliers de certains groupes de population comme les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), les personnes Trans ou les personnes en situation de prostitution, notamment au regard des prévalences du VIH et des IST.  D’où l’idée d’expérimenter des centres de santé sexuelle communautaires inspirés de modèles étrangers. 

Les centres de santé communautaires sont testés en France

« La France  dispose déjà d’une politique assez offensive  en termes de mise à disposition d’outils de prévention et de dépistage du VIH (préservatif, PREP, dépistage classique, autotest, TROD..). Elle a également développé des approches communautaires en permettant à des associations de réaliser des TROD », constate le Dr Zinna Bessa, sous directrice à la Direction générale de la santé du Ministère des Solidarités et de la santé en précisant que « l’objectif de l’expérimentation est d’enrichir cette palette de réponses... ».

Un appel à manifestation d’intérêt (AMI)  

Le Ministère et la Caisse nationale d’assurance maladie ont lancé un AMI en application de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 qui autorise l’expérimentation de nouvelles organisations en santé, reposant sur des modalités de financement dérogatoires. 
Cet appel était destiné à mettre en place des centres de santé sexuelle communautaires dans des grandes villes de 4 régions jugées prioritaires (Ile-de-France, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Occitanie). 
Il devra s’agir de centres de santé au sens de l’ordonnance n° 2018-7 du 12 janvier 2018. Ces centres, ouverts à tout public, devront apporter une réponse globale aux besoins de santé tout en développant une approche communautaire spécifique vis-à-vis de populations clés. L’approche communautaire offrira une proximité permettant à la personne concernée de parler plus facilement de son intimité et de son orientation de genre.
L’objectif est également de disposer dans un lieu unique de personnels formés, de locaux adaptés et d’équipements permettant d’avoir des résultats de biologie médicale rapides. L’enjeu de l’expérimentation est de dépister et de traiter les personnes les plus exposées, dans un temps court et sans rendez-vous.
 Sur les 12 candidatures reçues, quatre ont été retenues. Il s’agit du Kiosque Infos Sida (Paris), de l’Association Virage Santé (Lyon), d’Aides Occitanie (Montpellier) et du Spot Longchamp- AIDES (Marseille).
Le cahier des charges est en cours de finalisation et l’arrêté autorisant les expérimentations est attendu pour la fin du mois de mars 2020.
Le recours à l’article 51 permettra notamment le remboursement de prestations non couvertes aujourd’hui par le droit commun (médiateur communautaire, psychologue…) par un financement forfaitaire innovant.
 

Le  Checkpoint  (Paris)
Le projet parisien sera porté par le Kiosque Infos Sida Toxicomanie (Groupe SOS) à travers le Checkpoint Paris. Depuis 2016, le Checkpoint est une antenne du Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic du VIH, des hépatites et des IST du groupe hospitalier Saint-Louis – Lariboisière – Fernand-Widal.  Situé au cœur de la capitale, dans le quartier du Marais, cette structure propose déjà une offre de santé sexuelle communautaire complète, à destination des gays, des bi.e.s, des lesbiennes et des personnes trans.
« Le projet article 51 va nous permettre un passage à l’échelle » avec un objectif de 16 000 passages/an, s’enthousiasme Hannane Mouhim, directrice-adjointe du Kiosque Infos Sida Toxicomanie. Les personnes pourront désormais consulter sans rendez-vous tous les jours de la semaine de 9h à 22h et le samedi de 10h à 20h avec la possibilité de consultations spécialisées (gynécologie, addictologie, proctologie…). L’augmentation  des plages horaires permettra d’élargir l’offre de dépistage. Si le dépistage est positif, un traitement sera proposé dans les 4 à 6 heures qui suivent. C’est le fameux « test and threat » anglo-saxon. Un vrai défi sociétal !      
 

 

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