« L’anatomo-cyto-pathologie est une spécialité méconnue, pourtant c’est une spé très variée, avec de vraies responsabilités pour le patient et un très bon confort de travail »

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Avez-vous déjà entendu parler de la spécialité anatomo-cyto-pathologiste ? Tapi dans l’ombre de son laboratoire, il est au cœur des diagnostics dans le cadre de prélèvements. 32 ème au classement des spé, elle gagne à être connu.  Rencontre avec l’un d’entre eux Yoan Ditchi.

« L’anatomo-cyto-pathologie est une spécialité méconnue, pourtant c’est une spé très variée, avec de vraies responsabilités pour le patient et un très bon confort de travail »

Yoan Ditchi, pathologiste chez Unilabs Pathologie Nord 

What's up doc : Vous êtes anatomo-cyto-pathologiste, en quoi consiste votre exercice ?

Yoan Ditchi : Le pathologiste interprète les prélèvements tissulaires et cellulaires réalisés sur un patient. À la différence du biologiste, il ne fait pas de l’analyse quantitative mais du pronostic et du diagnostic. Tous les frottis, toute pièce opératoire réalisée dans le cadre d’un dépistage arrive chez nous. Nous fixons les prélèvements au formol, puis nous l’analysons au microscope. Enfin nous le comparons à un tissu sain afin de déterminer la pathologie du patient. Nous avons un travail très visuel car chaque tissu, chaque lésion sont différents selon son stade, son évolution. Nous sommes beaucoup dans les bouquins à réfléchir, comparer. L’aboutissement du pathologiste est de mettre un diagnostic sur ce qu’il voit.

Vous n’avez aucun contact avec le patient, cela ne vous manque pas ?

Y D. : Nous n’avons aucun contact avec le patient en tant que tel mais nous connaissons son identité. Nous ne pouvons pas traiter un patient sans cela, certaines lésions se voient exclusivement chez l’homme, la femme, chez l’enfant ou chez la personne âgée. Le contact avec le patient se fait à travers le clinicien. Nous discutons beaucoup avec lui sur ce qu’il a vu, ce qu’il a opéré. Il y a tout un échange qui ressemble à ce que fait le clinicien auprès du patient. Nous avons accès à des réseaux nationaux et internationaux pour toutes les lésions qui sont d’interprétations difficiles.

J’ai cherché une spécialité qui permettait de coupler le manuel et l’intellectuel avec de la recherche

Vous vous sentez plus proche d’un biologiste ou d’un chercheur clinicien ?

Y D. : On nous compare souvent à la biologie mais notre travail est différent. Nous sommes une spécialité de l’ombre alors que médico-légalement tous prélèvement est censé passer chez nous.

Quand avez-vous connu cette spécialité ? Qu’est-ce qui vous a décidé dans ce choix ?

Y D. : C’est une spécialité qui n’est pas représentée dans les études de médecine. On commence à en entendre parler lorsqu’on fait de la cancérologie en fin d’externat. À la base je voulais être chirurgien, mais j’ai trouvé que cela ne me correspondait pas. J’ai cherché une spécialité qui permettait de coupler le manuel et l’intellectuel avec de la recherche. Le pathologiste est très proche des milieux de recherche.  Nous développons des cohortes de patient pour pouvoir faire des pronostics.

Je suis tombé sur l’anatomo-pathologie par hasard. J’ai fait un stage dans cette spé et j’ai adoré.

En tant que pathologiste, est-ce plus intéressant d’être dans le privé ? Y a-t-il une technologie plus développée ?

Y D. : En effet les hôpitaux délèguent de plus en plus aux privés avec la fermeture des services de pathologiste. De plus il y a une meilleure transmission de tout ce qui est nouveautés technologiques, modernité, dans le privé. Chez Unilabs Pathologie Nord typiquement, nous sommes passés au digital, les lames sont scannées puis nous les lisons sur notre écran d’ordinateur. Il en ressort un confort de travail énorme avec une précision supérieure de ce que nous avons avec un microscope. Et qui dit digital, dit intelligence artificielle. L’IA ne pourra se mettre en place qu’avec du digital. Si le public est déjà en retard sur le digital, il le sera encore plus sur l’interprétation par l’IA.

Vous analysez principalement des tissus cancereux ?

Y D. : On ne fait pas que du cancer, nous intervenons dans le cas de maladie inflammatoire, ou de la recherche de pathogène. Pour un patient qui a un reflux gastro-œsophagien, une fibroscopie va être réalisée. Il en est de même pour les personnes qui ont des problèmes de peau.

De plus, aujourd’hui avec la digitalisation, nous sommes une des seules spécialités, qui peut faire du télétravail. Il y a un confort de travail qui est énorme, c’est un bon compromis.

Cette spécialité connaît-elle aussi une pénurie ?

Y D. : Oui il y a très peu de jeunes qui sont sortis ces dernières années. Il y a un gros manque de moyens dans ce domaine au niveau de l’hôpital.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/jai-cree-biorecos-un-outil-pour-prescrire-les-bonnes-analyses-plus-facilement-en-fonction

Quels sont les gros atouts, qui peuvent attirer un interne vers cette spécialité ?

Y D. : On a une spécialité extrêmement intéressante, très variée. Chaque prélèvement de chaque personne est complétement différent. La réflexion est différente, c’est très ludique. Il y a aussi un partage de connaissance avec les membres de la communauté médicale. Autre avantage, qui peut être aussi un inconvénient : une grosse responsabilité. En effet, le traitement du patient dépend de notre diagnostic. Nous ne pouvons pas nous planter. Il y a un côté excitant. À chaque prélèvement, j’y vais à fond. Et c’est ça pour tous les prélèvements en sachant qu’un pathologiste voit entre une cinquantaine et une centaine de cas par jour. De plus, aujourd’hui avec la digitalisation, nous sommes une des seules spécialités, qui peut faire du télétravail. Il y a un confort de travail qui est énorme, c’est un bon compromis.

Quel est l’un des moments qui vous a le plus marqué, un moment riche en émotion ?

Y D. : Je n’ai pas en tête d’événement véritablement marquant. J’ai plusieurs événements qui me marquent. Quand j’arrive à donner un diagnostic compliqué, c’est extrêmement plaisant. On est content pour les patients. En fait, c’est plein de petits épisodes de vie marquants. 

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