Il n’existe pas de base unique qui rassemble toutes les recommandations de prescriptions d’analyses validées, en relation avec une pathologie à diagnostiquer. » C’est ce que découvre Bastien Carrara, biologiste médical depuis 5 ans et responsable d’un laboratoire d’analyses chez Cerballiance à Paris. « Il faut soit tout avoir en tête, soit aller vérifier dans plusieurs bases et recouper ensuite l’information sur les sites des sociétés savantes. » Fastidieux et consommateur de temps. Alors, le jeune pharmacien commence pour lui-même cette compilation : il décortique, il centralise... Rapidement, il se dit qu’il pourrait développer une entreprise autour de sa base de données et crée BioV2 dès la fin 2018. Son objectif est de la mettre à disposition de toute la communauté : les médecins généralistes qui jonglent toute la journée d’une pathologie à l’autre, mais aussi les sages-femmes ou les spécialistes qui peuvent être amenés à lire les résultats d’une autre discipline.
J’ai travaillé pour rassembler du contenu médical pas si facile à trouver et surtout éparpillé dans plusieurs bases - Bastien Carrara, 32 ans, pharmacien et biologiste médical
E-santé, service innovant... Bastien Carrara ne range pourtant pas son entreprise dans la catégorie des startups : « Il n’y a pas – pour l’instant - de notion de levée de fonds », mais plutôt comme une activité constructive qu’il développe méthodiquement depuis 4 ans. La base de données regroupe aujourd’hui 400 fiches. Il a rapatrié toutes les recommandations de prescriptions d’analyses validées par la Haute Autorité de Sante (HAS), de l’Agence Nationale de la sécurité des médicaments (ANSM), sans compter celles des sociétés savantes. « Un outil intéressant pour les maladies internes. On peut le consulter comme on regarderait la Vidal », explique Antoine Questroy, jeune médecin ville-hôpital à Paris. « Aussi, cela fonctionne très bien pour les nouveaux traitements comme la Prep (prophylaxie pré-exposition pour le Sida). On n’a pas l’habitude de prescrire ce type de bilan. »
La mise à jour ? Manuelle aujourd’hui, le jeune entrepreneur compte bien la rendre automatique : un des chantiers du développeur informatique avec lequel il a travaillé pour créer son portail. Du côté juridique, il est accompagné par un avocat, spécialisé dans la e-santé et les risques liés aux applications de santé digitale : données personnelles, RGPD, etc. Il ne lui reste plus qu’à trouver la compétence commerciale pour l’aider à développer son modèle économique. Il envisage de vendre des licences aux groupements de laboratoires de biologie ou aux sociétés qui proposent des services de téléconsultation. Celles-ci offriraient gratuitement ce service aux médecins.
Cet outil est d’une grande aide pour le médecin. On passe moins de temps à chercher donc plus de temps avec le patient - Dr Antoine Questroy, 29 ans, médecin généraliste et urgentiste à Paris
Pour l’instant, Biorecos est accessible gratuitement sur le site de Cerballiance dans la partie ‘professionnels de santé’. A terme, l’outil devrait être agrémenté d’éléments d’informations complémentaires : prélèvement à réaliser, faire à jeun ou non, nécessité d’arrêter un traitement ou non, acte remboursé ou non.