La route du soi

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Ciné week-end: Voyage en Chine, de Z. Mayer (sortie le 25 mars 2015)

La route du soi

Voyage en Chine est un film à la sobriété probablement excessive, mais c'est pour mieux refléter l'aridité émotionnelle de départ de son héroïne, la toujours étonnante Yolande Moreau. A l'étroit dans son couple rongé par la routine et le non-dit, elle prend de plein fouet la terrible nouvelle du décès de ce fils "pas facile", ayant fui l'autoritarisme paternel pour faire des photos en Chine, et auquel elle n'est jamais venue rendre visite, attendant qu'il fasse "le premier pas". Cette vie sans vie est si étouffante que l'on respire mieux dès qu'elle arrive dans cette contrée immense dont elle ne connaît rien, et dans laquelle elle va peu à peu se redécouvrir.

Le processus de deuil, ou plutôt précédant le deuil, est remarquablement retranscrit. Après une première phase de confusion bien évidemment décuplée en raison du choc culturel et de la barrière linguistique - et confinant hélas au soporifique - viendront les moments où Liliane se rendra au plus près des lieux et des personnes liés à son fils, jusqu'à l'endroit-même de l'accident. Elle l'accompagnera vers la mort selon les rites taoïstes chers à la femme qu'il aimait. Dès lors, le film trouve son rythme, sa voix, singulière et apaisée, pour nous porter vers un intime que l'incongruité des situations et la beauté de ces paysages s'offrant à notre regard vierge rendent aradoxalement encore plus limpide. Et c'est insensiblement que nous accédons au coeur de cette mère qui accepte enfin de s'ouvrir à ses émotions. C'est sur cette acceptation que son deuil pourra enfin débuter

Source:

Guillaume de la Chapelle

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