" La médecine nucléaire a de plus en plus d'importance ", pour Mohammad Chawki de l'ANAIMeN

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Dans l'optique du choix des spé et des établissements suite aux #ECNi2020, WUD lance une série d'entretiens avec des responsables de syndicats d'internes, pour vous faire découvrir les différents DES et régions qui s'offrent à vous. Aujourd'hui, entretien avec Mohammad Bilal Chawki, président de l’Association nationale des assistants et internes en médecine nucléaire (ANAIMeN), qui défend un DES transversal et voué encore à progresser. 

" La médecine nucléaire a de plus en plus d'importance ", pour Mohammad Chawki de l'ANAIMeN

What’s up Doc. Pourquoi tu kiffes la médecine nucléaire? 

Mohammad Bilal Chawki. La médecine nucléaire, pour moi, c’est une spécialité qui, quelque soit nos centres intérêts, notre façon de voir l’avenir, mène à tout. C’est-à-dire qu’il y a moyen d’en faire de la politique, puisque la présidente de la HAS actuel est médecin nucléaire par exemple. Il y a l’autorité de sûreté nucléaire aussi qui recrute des médecins nucléaires, ainsi que le commissariat d’énergie atomique. Donc, il y a beaucoup de structures étatiques ou de recherche nationale qui recrutent des médecins nucléaires. Ça c’est la première chose. Ensuite, personnellement, j’apprécie le fait que la médecine nucléaire soit à la croisée de des chemins. Cette spécialité participe de la médecine, de la physique, des statistiques et de l’informatique, car l'intelligence artificielle y est de plus en plus présente. C’est une spécialité qui va encore progresser, et qui permet au monde de la recherche et de la clinique de se réunir. On a deux versants, un versant diagnostique qui s’apparente à de l’imagerie médicale, et un versant thérapeutique. Pour faire simple, le centre de la spécialité c’est le produit radioactif. On est les seuls médecins à pouvoir prescrire des produits radioactifs. Dans beaucoup de spécialités, la médecine nucléaire a de plus en plus importance. En hématologie par exemple, mais aussi en neurologie, où l'on évalue beaucoup les Parkinsoniens et les  patients atteints d'Alzheimer. En cardiologie, nous évaluons la fonction cardiaque quand elle est associée à une épreuve d’effort. En pneumologie, on peut aussi vérifier la présence ou l’absence d’embolie pulmonaire. C’est extrêmement vaste comme exercice, et c’est très intéressant, parce que c’est transversal.

WUD. Ta spé' elle est plutôt glow up ou flow down?

MB. C. Ma spé', parce qu'elle n'est pas très connue, n’est que très rarement choisie par les premiers classés. À titre d'exemple, nous sommes dix fois moins nombreux qu'en radiologie. C'est vraiment une toute petite spécialité, les promos comportent une quarantaine de personnes par an, en France. Elle est souvent choisie par des étudiants qui aiment les spécialités techniques, par ceux intéressés par l’imagerie, ou encore ceux qui n'ont pas pu obtenir la spécialité de leur premier choix. Le rang de choix de cette spé est d'environ 3000, c'est dommage, car des étudiants bien classés passent à côté. Alors qu'ils auraient pu la choisir et l'enrichir. 

WUD. Un petit conseil pour aborder ta spé le premier semestre?

MB. C. La médecine nucléaire, comme toutes les spé un peu techniques - même si on n’en parle de plus en plus dans le programme des ECN -  reste assez ésotérique pour la plupart des gens. Et quand on arrive en premier semestre, c’est normal d’être perdu. Il ne faut pas se sentir mal, il ne faut pas s’en vouloir, même si la hiérarchie peut laisser te sentir incompétent. Mais ce n'est pas le cas. Ça prend du temps d’apprendre. Il faut juste être humble et continuer d'être confiant.

WUD. Elle a des avantages ta spé?

MB. C. Premier avantage : avoir un éventail de choix professionnels. On peut commencer en faisant de la clinique, ou de la recherche, et s’orienter ensuite en politique. On peut faire ce qu’on veut. Qui plus est cette spécialité permet de s'épanouir dans sa vie privée, parce qu’on peut plus ou moins travailler n’importe où, avec des horaires qui restent convenables et une rémunération qui est respectable.

WUD. Et niveau inconvénients?

MB. C. La spécialité n'est pas assez connue et pas assez reconnue. C'est dommage, le manque de reconnaisssance est assez fréquent. Que ce soit du côté des collègues médecins, du fait du volume d’activité qui est plus faible que pour certaines autres spécialités, on a assez peu de reconnaissance et on n’est pas remercié au final. Comme les gens ne savent pas trop ce qu’on fait, ils ont tendance à minimiser nos compétences et ce qu’on apporte.

WUD. Une petite histoire à raconter sur ta spé' ?

MB. C. Oui ! C’est en lien avec la reconnaissance justement. Ça s’est passé quand j’étais interne en médecine nucléaire à Nancy. Il y avait un externe qui appelait le service pour demander à parler au médecin qui avait analysé l’examen, et lui dire : «  Oui, docteur en fait je pense que vous avez fait une grosse erreur d’interprétation, vous êtes passé à côté d’une grosse tumeur de la vessie ». Donc là le médecin est un peu apeuré, il regarde et en fait c’était juste le liquide radioactif qui drainait dans la vessie, ce qui est tout à fait normal. Et faut savoir que ce médecin, c’était un PH ! J'ai été marqué par le fait qu’un externe se permette d’appeler un PH pour lui dire ça, je pense que ça n’arrive pas dans toutes les spécialités. Cela démontre le peu de reconnaissance dont on bénéficie. 

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