Julien Fournier, anesthésiste-réanimateur : « La perception de l’exercice libéral a changé »

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En voulant quitter Paris pour la région nantaise, le Dr Julien Fournier, anesthésiste-réanimateur, a atterri « un peu par hasard » dans le privé. Récit d’un changement de vie réussie. 

 

Julien Fournier, anesthésiste-réanimateur : « La perception de l’exercice libéral a changé »

Adieu, (trop) chère Ville Lumière ! Julien Fournier, qui a fait son internat et son clinicat à l’AP-HP, était, comme sa compagne sage-femme, attaché à la vie parisienne. La naissance de leurs deux enfants a changé la donne. Le couple se met alors en quête d’une grande ville, plus accessible, plus respirable, près de la mer. Bordeaux ? Nantes ? Ce sera Nantes. Après l’emménagement, il prend contact avec le CHU de la ville. « Je comptais vraiment continuer dans le public, mais c’est arrivé un peu par hasard : j’ai été contacté par un groupe privé (Elsan, NDLR) pour prendre la succession d’un anesthésiste, et tout s’est fait rapidement. »

C’est ainsi qu’il débute son activité au pôle Santé Atlantique, à Saint-Herblain (regroupant la Polyclinique de l'Atlantique, les cliniques Jeanne d'Arc, Saint-Augustin et Sourdille). Il découvre une nouvelle expérience de l’exercice en libéral. « Je n’avais pas fait beaucoup de remplacements, j’avais les préjugés classiques sur le privé, parce que j’avais travaillé dans de petites cliniques parisiennes, au fonctionnement standardisé, qui se cantonnent à faire des fibroscopies, de la chirurgie esthétique ou un peu d’orthopédie (à 95% en ambulatoire), ce n’était pas très stimulant… Cette vision du privé, où l’on s’ennuie, où l’on fait du chiffre, est inscrite dans l’imaginaire des étudiants en médecine. J’ai découvert qu’il existait de grands établissements dignes de ce qu’on trouve dans le public, où l’on peut quasiment tout faire. »

 

 

Team building

L’autre crainte de Julien Fournier, c’était de ne pas trouver l’équipe idéale. « Dans tous les établissements, qu’ils soient publics ou privés, c’est la même problématique : difficile de composer un bon collectif… Je suis tombé sur un très bon groupe, et j’ai retrouvé l’ambiance que j’aimais à l’hôpital », se félicite l’anesthésiste, qui craignait que « chacun travaille dans son coin, que les réunions d’équipe ne tournent qu’autour des problématiques liées à l’activité libérale », la gestion administrative et comptable. « Ce n’est pas du tout le cas, nos réunions sont la plupart du temps organisées autour du médical. De la même manière, la relation aux chirurgiens est sensiblement la même qu’à l’hôpital : féconde », assure-t-il.

La grande différence avec le public, au quotidien, concerne sa relation au patient : « dans un centre hospitalier, la continuité des soins multiplie les interlocuteurs. En clinique, le patient est sous notre responsabilité de bout en bout ». En termes de responsabilité, justement, se sent-il plus exposé que dans le public en cas de problème ? « Le risque est le même. La seule différence ? À l’hôpital, vous n’avez pas la même perception de ce risque, car ce sont les services contentieux qui vont gérer le problème en première ligne avec les patients. Au final, je crois qu’il n’y a pas plus de problèmes dans le privé que dans le public. »

 

Tout d’un grand (CH)

C’est cette nouvelle dimension qui a changé, selon lui, la perception qu’ont les praticiens du privé. « Auparavant, vous n’aviez que des petites cliniques centrées sur une spécialité. Tout cela a changé. » Pour avoir une idée, le pôle Santé Atlantique en quelques chiffres, c’est 77.000 patients par an, 430 lits, 1200 collaborateurs (dont plus de 180 praticiens), 35 spécialités différentes, 42 blocs opératoires… « Nous n’avons pas de service de réanimation, mais il y a une unité de surveillance continue. En dehors de la cardiochirurgie et de la neurochirurgie, nous avons quasiment toutes les spécialités médicales. » Et tout pour démentir l’idée qu’on puisse se sentir isolé, hors d’un centre hospitalier : « il y a une solidarité forte entre tous les praticiens, nous pouvons très rapidement obtenir des avis, c’est très fluide », assure Julien Fournier. Enfin, pour ce qui est du revenu ? « Ce n’était évidemment pas un élément prioritaire dans mon choix d’installation, mais oui, je dois le reconnaître : le différentiel entre le public et le privé est l’un des plus élevé des différentes spécialités. » Heureux qui comme un anesthésiste a fait un doux voyage…

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