Parité. Voilà ce que demande l'association Donner des Elles à la Santé. Un simple mot qui cache derrière lui de nombreuses inégalités et questions sur l'organisation des professions de santé qui malgré une féminisation, sont encore loin d'être un modèle d'égalité.
Inégalités d'accès aux postes à responsabilité
Il s'agit peut-être de l'inégalité la plus saisissante et la plus récalcitrante. "Parmi les médecins hospitaliers, on recense 52% de femmes. Or, seulement 21% des PUPH sont des femmes, un pourcentage qui descend à des postes comme doyens de fac, 12% pour les postes de doyens de faculté et à 9% pour les présidents de CME", détaille Géraldine Pignot. "Il y a véritablement ce plafond de verre, une ségrégation verticale, les femmes qui représentent la moitié des médecins, accèdent pourtant difficilement aux postes à responsabilité".
Aujourd'hui, il y a une féminisation des professions de santé qui s'amorcent. "C’est là que les gens font l’amalgame, on entend « j’ai des femmes dans mon service ». Des femmes PH oui mais des PUPH, cheffes de services, investies dans les postes à la faculté, beaucoup moins !", déplore Géraldine Pignot. "Plus de 80% des étudiantes en médecine sont des femmes mais si on attend que les choses se fassent naturellement, il faudra plus de 40 ans pour atteindre l’équité des représentation à de hauts postes". Et autant dire qu'on ne va pas attendre 40 ans sans rien faire !
Ecart salariale
"C'est difficile d'évaluer cet écart, à l’hôpital, on a des grilles salariale mais toute grille est négociable. Et dans les faits, on est estime qu'à poste égal et charge de travail égale, les femmes sont en moyenne 10% moins payées que leurs homologues masculins", relate Géraldine Pignot.
Discriminations ressenties
Selon un sondage Ipsos réalisé pour l'association en 2020, 6 femmes sur 10 se sont déjà moins valorisées qu'un collègue masculin pour un travail égal. Du côté des hommes, ils sont 3 sur 10 à avoir déjà ressenti que leurs collègues femmes étaient moins valorisées. 87% des femmes ont quant à elles déjà été discriminées dans leur carrière et 89% des hommes ont déjà été témoins d'une discrimination envers une femme dans leur milieu professionnel.
Les actions à mettre en place
- La sensibilisation : "Le fait de fédérer des réseaux, des associations, est une première étape qui permet de mettre en lumière les choses. Les choses s’améliorent assez peu dans le temps. Un nouveau sondage Ipsos va être réalisé dans le but de mesurer ce qui change d'année en année".
- Des actions concrètes : notamment avec la création d'une charte de la visibilité des femmes "Cette charte contient des grandes lignes d’engagements. La première étape est de faire le bilan de sa structure, de la représentation des femmes aux hauts postes. Puis il faut se fixer des objectifs pour améliorer les choses, ainsi que mettre en place des formations pour les médecins sur les biais inconscients", détaille Géraldine Pgnot.
- L'implication autour de la maternité : accorder un congé paternité, remplacer les femmes pendant leur congés maternité, améliorer l'accès aux crèches...
- Des objectifs chiffrés, ou quotas, pour les femmes à des postes à responsabilité ;
- La création de cellules d'écoute pour les femmes victimes de sexisme et de violences à l'hôpital. "Libérer la parole c'est bien, mais il faut ensuite avoir la capacité d'écouter et de mettre en place des mesures pour y remédier'".
Source:
- Entretien avec le Dr Géraldine Pignot, chirurgien urologue à l’Institut Paoli Calmette à Marseille et présidente de l’Association Donner des Elles pour la santé.