Gestion de la crise : les parlementaires font leur autocritique

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Le récent rapport d’information parlementaire « sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid-19 » revient sur la réponse sanitaire apportée à la crise. Coup de projecteur sur ce périlleux exercice d’autocritique.
 

Gestion de la crise : les parlementaires font leur autocritique

« D’accord, on a un peu déconné, mais ce n’était complètement de notre faute ». Cette citation fictive pourrait résumer la posture de l’exercice d’équilibriste du récent rapport d’information parlementaire « sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid-19 ». En particulier le chapitre sur la réponse sanitaire apportée à la crise.

Le 1) frise l’autocongratulation. Intitulé « Les pouvoirs publics ont fait face, dans l’urgence, à la crise », il martèle notamment que si notre système de soins a été soumis à rude épreuve, il « a tenu bon et a su faire face à l’afflux massif de patients atteints du Covid-19 ». Mais aussi que « le principal objectif poursuivi par le confinement (…), soit limiter la pression exercée sur le système de soins, a été atteint ».

Vient ensuite l’heure tant attendue de l’autocritique avec un 2) intitulé sobrement « Une crise qui a révélé des faiblesses ». La mission parlementaire évoque l’insuffisance des stocks stratégiques d’équipements de protection, et notamment de masques. Une question qui s’inscrit « dans la problématique plus large de notre dépendance à l’égard de l’extérieur pour les approvisionnements en produits indispensables », relativisent les parlementaires qui précisent que ces difficultés d’approvisionnement ont concerné aussi bien les équipements de protection, les matériels et les médicaments de réanimation, les réactifs et matériels nécessaires aux tests de dépistage…

Un manque d’anticipation

Le rapport  concède néanmoins que la crise sanitaire a mis en lumière la nécessité « d’investir davantage la fonction de préparation et de planification à long terme de l’État en matière de sécurité sanitaire et de prévention ». Et a révélé des « failles dans la culture de prévention sanitaire en France et un manque d’anticipation face à des crises d’une telle ampleur ».

Pour les parlementaires, il apparaît donc nécessaire que la France « renforce ses politiques de prévention sanitaire et améliore ses moyens de suivi épidémiologique ». Notamment parce que les données épidémiologiques telles qu’elles sont collectées, notamment par les ARS, « ne répondent pas nécessairement aux besoins opérationnels de gestion de la crise et les modèles épidémiologiques ne sont pas suffisamment territorialisés pour permettre de piloter la crise au plus près et d’anticiper les coûts ».

La polémique Santé publique France

Enfin, le 3) revient sur les questions d’organisation et de coordination. Notamment l’organisation institutionnelle de la gestion des crises sanitaires, et plus spécifiquement les missions confiées à Santé publique France (SPF). L’absorption de l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) au sein de la nouvelle agence (SPF) en 2016 a en effet suscité de nombreuses critiques depuis le début de la crise, « au motif qu’elle aurait dilué l’action de l’EPRUS et nui à son caractère opérationnel et particulier d’établissement pharmaceutique », reconnaît la mission parlementaire qui en tire la conclusion suivante :

«  La nécessaire reconstitution de stocks stratégiques d’équipements de protection, la doctrine de gestion, voire une réflexion sur la gestion de la réserve sanitaire, impliqueront de réexaminer les missions de SPF face aux crises sanitaires ainsi que son organisation ». Wait and see donc.

La mission revient ensuite sur le suivi de la situation dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui s’est avéré « insuffisant aux débuts de la crise ». Sur le point là, les ARS ont été parfois perçues comme « trop centralisées, inaccessibles ou en décalage avec les réalités et les attentes du terrain ».

Enfin, le rapport estime que la réponse sanitaire apportée au niveau européen à la crise « n’a pas été à la hauteur. Le « chacun pour soi » l’a emporté, chaque pays a pris des mesures au niveau national, sans coordination avec ses partenaires ». L’Union européenne n’a donc « pas réussi à s’affirmer dans la gestion de la catastrophe sanitaire ni à proposer une réponse commune ; la solidarité entre États membres a globalement fait défaut ». 
 

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