François Braun contre-attaque

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Généralisation du SAS, CNR Santé, lutte contre les déserts médicaux : François Braun multiplie les chantiers tous azimuts.

François Braun contre-attaque

© Capture BFM.TV

Les dernières semaines ont été difficiles pour François Braun. Le règlement arbitral et la loi Rist sur l’accès direct aux paramédicaux ont altéré la relation de confiance qu’il avait établi avec les syndicats de médecins libéraux. L’encadrement de l’intérim et la lenteur des négociations sur l’amélioration des carrières des PH n’a fait qu’aggraver ses relations déjà difficiles avec les hospitaliers. Le ministre de la Santé a même été victime de « casserolades », ces manifestations où les protestataires frappent sur des casseroles, lors de ses derniers déplacements à Poitiers et à Montreuil. L’ancien urgentiste reconnait lui-même qu’il fait partie des « invisibles », ces ministres qui, malgré de gros portefeuille, restent peu connus de la majorité des Français.

Vers la généralisation du SAS en 2023

Mais le ministre parait prêt à lancer la contre-offensive, alors qu’Emmanuel Macron et Elisabeth Borne semblent vouloir faire de la santé l’un des chantiers prioritaires de la suite du quinquennat (afin de faire oublier le psychodrame de la réforme des retraites). La première étape de cette nouvelle séquence politique a eu lieu la semaine dernière, lorsque François Braun a annoncé vouloir généraliser le service d’accès aux soins (SAS) sur tout le territoire d’ici la fin de l’année. Expérimenté depuis novembre 2020 sur 31 sites répartis dans 13 régions, le SAS est un service téléphonique de conseil et d’orientation médicale, que les patients peuvent consulter pour éviter des séjours inutiles aux urgences. « Il reste la moitié du chemin à faire » commente François Braun, alors que la moitié de la population est déjà couverte par le SAS.

Bien qu’aucun rapport détaillé sur l’efficacité supposée de ce dispositif n’ait été établi, le ministère de la Santé est convaincu que le SAS a fait ses preuves en été et en décembre dernier, en jugulant la crise des urgences et en évitant une trop grande saturation des services. Le Dr Braun, qui avait lui-même expérimenté le SAS lorsqu’il était chef du service des urgences de l’hôpital de Mulhouse, a donc confié à un comité composé de trois médecins (un généraliste et deux urgentistes), un représentant des patients et un administratif, la mission d’organiser cette généralisation du SAS. « Cette mission se déplacera dans toute la France jusqu’à l’été 2023 pour s’inspirer des expériences réussies et ainsi permettre le déploiement des SAS dans tous les territoires » a commenté le ministre.

Dans sa volonté de généraliser ce dispositif, François Braun est resté sourd aux nombreuses critiques qui sont faites au SAS, notamment par les unions régionales de professionnels de santé (URPS) : manque de médecins effecteurs, mauvaise articulation avec les CPTS et les centre de soins non programmés, bugs récurrents de la plateforme numérique… Le ministre reste fixé sur son objectif : remplir la promesse très (trop ?) ambitieuse d’Emmanuel Macron de désengorger les urgences d’ici fin 2024.

François Braun dresse le bilan du CNR Santé

François Braun continue son opération de reconquête médiatique ce mercredi. Le ministre s’apprête à dresser le bilan du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR), qu’il a lui-même lancé en octobre dernier en grande pompe. L’objectif de cette consultation était de partir du terrain, des fameux « territoires » chers aux communicants politiques, pour trouver des solutions aux difficultés systémiques de notre système de santé. Plus de 250 réunions ont été organisées ces sept derniers mois et le ministère promet que s’en dégageront de nombreuses mesures qui seront regroupées dans une « boite à outils ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/cest-francois-braun-le-nouveau-ministre-de-la-sante-une-nouvelle-mission-pas-flash-cette

Enfin, le ministre de la Santé était l’invité ce mercredi matin de France Inter. L’occasion d’évoquer des questions de santé publique (il s’est exprimé en faveur de l’interdiction des cigarettes électroniques jetables, les « puffs ») mais également celle des déserts médicaux. Sur ce point, François Braun a reconnu que « on n’aura pas plus de médecins avant dix ans » et que si le nombre d’étudiants en médecine est en augmentation, il est encore « insuffisant ». François Braun a donc de nouveau insisté sur ce qui constitue pour lui l’une des priorités, à savoir augmenter le temps médical des médecins, afin qu’ils puissent prendre en charge plus de patients sans nécessairement augmenter leur charge de travail. Il a ainsi évoqué la nécessité de mettre fin aux « certificats médicaux qui ne servent à rien » en sensibilisant les administrations et les fédérations sportives à l’inutilité de certains certificats souvent exigés.

Ces différentes interventions et initiatives parviendront-elle à remettre François Braun au centre du jeu ? Difficile à croire tant la relation de confiance entre lui et les professionnels de santé semble s’être érodée dix mois après sa prise de fonction.

Nicolas Barbet

Par JIM 

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