Être une femme médecin : un ralentissement dans la carrière ?

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Selon une enquête réalisée par Medscape, 44% des femmes médecins considèrent que leur sexe a une influence négative sur leur carrière.

Être une femme médecin : un ralentissement dans la carrière ?

Des inégalités, même sous la blouse blanche. Aujourd’hui, les femmes comptent pour presque la moitié des effectifs chez les médecins. Pourtant, elles ressentent encore des différences de traitement par rapport à leurs confrères. Pour mieux comprendre cet enjeu, Medscape interrogé 1000 médecins, hommes et femmes : 23% de médecins généralistes, 8% d’anesthésiologues, 7% de psychiatres, 6% d’urgentistes et 5% de pédiatres. Les résultats de l'enquête ont été publiés le 29 octobre. 

La première différence de traitement provient des patients. Les praticiennes estiment que 62% des patients sont plus familiers avec leur médecin lorsque cette dernière est une femme : tutoiement, absence de l’utilisation du titre Docteur au profit du nom ou du prénom. Dans deux tiers des cas, elles ne sont pas instinctivement reconnues comme médecins mais confondues avec des professions moins qualifiées, infirmières ou assistantes médicales notamment. « Ce qui m'agace le plus souvent, c’est d’être obligée de préciser ma fonction au patient […], surtout quand il y a aussi un homme dans l'équipe, qui à ses yeux est le médecin et moi l'infirmière », témoigne une urgentiste de 55 ans.

« 44% des femmes considèrent que leur sexe a une influence négative voire très négative sur leur carrière, et un quart sur leurs revenus » commente Véronique Duquéroy, directrice de Medscape Editorial.

Autre point d’inégalité, l’enjeu de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle : « Les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à souligner l’importance de pouvoir concilier travail et responsabilités en tant que parent » (coucou la charge mentale). Selon l’enquête, 2 femmes sur 5, contre 1 homme sur 6 évoquent le fait que leur métier a une influence sur le choix d’avoir ou non des enfants ainsi que sur le nombre d’enfants qu’ils ont eu.

« On m’a proposé un poste de CCA [chef de clinique assistant] en me demandant de ne pas faire de bébé pendant ce temps […] J’ai mis 10 ans pour avoir 2 enfants […]. Mes collègues m’ont détestée, mon patron me reproche de prendre mes congés : inadmissible pour lui d’en prendre autant quand on travaille en CHU », témoigne une cardiologue de 43 ans. Et pour les enfants malades, dans 21% des cas c’est la femme qui reste à la maison, contre 6% pour les hommes.

Mais les femmes sont aussi plus souvent victimes de leur propre manque de confiance en elles, en leurs capacités. « 61% des hommes se sentaient plus confiants dans leur rôle de direction contre 49% des femmes : une sur 5 exprimant même des doutes sur leurs capacités ». Un manque de confiance qui se répercute également dans les négociations pour une augmentation de salaire avec 50% des femmes qui s’estiment « malhabiles » contre 29% des hommes.

Être médecin et femme, c’est aussi un obstacle pour être invitée à présenter des résultats de recherche dans des congrès médicaux. Pour une femme sur 5, c’est même un frein pour publier dans les revues scientifiques.

Enfin, la médecine au féminin est également vue comme une source de discrimination : « plus de 2 femmes médecins sur 5 (contre 4 hommes sur 50) rapportent avoir été victimes de discriminations en raison de leur sexe sur leur lieu de travail actuel. Cela concerne en majorité les femmes de moins de 45 ans (55%). »

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