La parité homme/femme, grand absent de l’hôpital

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Fondatrice de l’association Donner des Elles à la Santé, le Dr Géraldine Pignot est bien décidé à sensibiliser le milieu hospitalier à l’égalité homme/femme. Un travail d’envergure qui a déjà commencé !
 

La parité homme/femme, grand absent de l’hôpital

« Nous avons beaucoup de retard en matière d’égalité homme/femme en milieu hospitalier », lâche le Dr Géraldine Pignot, urologue au Centre de lutte contre le cancer de Marseille. Une conviction, basée sur son expérience professionnelle, qui l’a poussée à fonder l’association « Donner des Elles à la Santé » en octobre dernier. Son objectif ? Sensibiliser l’intégralité du monde hospitalier à la parité.
 
« L’urologie est la spécialité la moins féminisée », lâche celle qui a choisi cette spécialité il y a déjà deux décennies. Et d’ajouter : « Nous représentons environ 15 % des effectifs. Et surtout, nous avons très peu de femmes aux postes à responsabilités ». Un inquiétant constat d’abord fait au doigt mouillé qui l’a poussée à réaliser une étude à plus large échelle avec l’IPSOS il y a trois mois. « Ce sondage a été très révélateur », confie-t-elle. Actuellement, 52 % des professionnels en santé de moins de 30 ans seraient des femmes. Une proportion importante qui ne trouve aucun écho dans la répartition des postes à responsabilités, à en croire les données recensées par l’enquête. « Elles ne sont que 21 % à occuper un poste de professeur des universités-praticien hospitalier », détaille la chirurgienne, convaincue que l’ascenseur de la méritocratie est en panne pour les femmes. Un faible pourcentage qu’on retrouve également dans les rangs des femmes chef de service qui seraient moins de 20 % dans les hôpitaux français. « Beaucoup de femmes s’en donnent les moyens, mais ça ne suffit pas, s’alarme-t-elle. Il y a des biais inconscients qui rentrent en compte ». Maternité, identification plus facile des hommes aux postes de responsabilité, syndrome de l’imposteur sont autant de facteurs qui ralentiraient la progression des femmes. « Il y a du travail à faire du côté des hommes, mais aussi du côté des femmes qui doivent apprendre à se faire confiance », assure-t-elle.
 
Une discrimination qu’on retrouverait également dans les couloirs des centres hospitaliers. Selon l’enquête IPSOS, 93 % des médecins hospitaliers ont déclaré avoir déjà constaté une situation discriminante à l’égard des femmes. « Des remarques sur le physique des femmes, sur la manière dont elle se comporte, sur les phrases qu’elles disent… Tout cela est très présent dans le milieu hospitalier », indique l’urologue, qui souligne tout de même que ces statistiques sont basées autant sur les observations des femmes que des hommes. « Il y a déjà une prise de conscience. C’est bien, mais l’étape d’après est de mettre en place des actions pour éviter la discrimination », ajoute Géraldine Pignot.    
 
Un rôle qu’elle entend bien jouer. Depuis plusieurs semaines, elle, et son équipe, travaille d’arrache-pied sur la création d’une charte. « À travers cette dernière, les établissements s’engageraient à mettre en place des mesures pour favoriser la parité », précise la fondatrice. Valorisation du travail des femmes, mise en place de remplacement dans le cadre des congés maternité, développement du congé paternité ou encore création de comités de consultation en cas de discrimination perçue ou de sexisme avéré pour briser l’omerta… Les idées ne manquent pas ! Un projet de sensibilisation qui intéresse les centres hospitaliers selon elle. « On a une dizaine d’hôpitaux qui se sont manifestés pour devenir des sites-pilotes », s’enthousiasme-t-elle. Une expérimentation d’envergure qu’elle espère pouvoir lancer dès février-mars 2021. « Pour que, dès 2022, on puisse mettre en place des mesures adaptées dans les centres hospitaliers », confie-t-elle. Un projet qui, on l’espère, sera couronné de succès.
 

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