
© Midjourney x What's up Doc
Les médecins libéraux ne toucheront pas tout de suite leurs revalorisations durement négociées.
En cause, un avis du Comité d’alerte sur les dépenses d’assurance maladie rendu le 18 juin. Celui-ci constate un « risque sérieux » de dépassement de l’objectif national (Ondam) pour 2025 de 1,3 milliards d’euros (0,5%), soit au-delà du seuil d’alerte actuel, ce qui nécessite des mesures d’économies immédiates.
Selon les experts, la dépense est portée par une « proportion plus élevée d’arrêts de longue durée » que l'année dernière. Au premier trimestre 2025, les indemnités journalières (IJ) sont en hausse de 6,7%, contre une prévision de 4%.
Les économies prévues sur les médicaments sont également fragilisées selon le Comité, qui appelle l’Etat et les caisses à proposer des mesures correctrices.
En conséquence, « pour les professionnels de santé concernés (médecins spécialistes, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes libéraux), les revalorisations sont donc suspendues et s’appliqueront au 1er janvier 2026 », a indiqué ce matin l’Assurance maladie.
L’organisme précise à What’s up Doc que cette suspension relève d’un « mécanisme automatique » et non d’une « proposition » ou d’une « décision » de sa part.
En effet, conformément au code de la Sécurité sociale, l’engagement de la procédure d’alerte par le Comité conduit automatiquement à la suspension de l’ensemble les mesures de revalorisation devant intervenir ultérieurement.
Des spécialités en tension concernées
Depuis la signature en juin 2024 du nouvel accord conventionnel, plusieurs revalorisations sont déjà entrées en vigueur fin décembre. D’autres, qui concernent spécifiquement les médecins spécialistes, étaient prévues pour le 1er juillet 2025.
Ainsi, il était par exemple convenu que les consultations de gynécologie et de gériatrie, déjà revalorisées à 32€ en décembre, passent respectivement à 35€ et 37€ au 1er juillet.
« Les médecins libéraux sont les dindons de la farce », a réagi ce matin le syndicat de spécialistes Avenir Spé dans un communiqué.
« Le gel de ces revalorisations, négociées difficilement, touche particulièrement des spécialités qui étaient dans un besoin urgent de soutien », a-t-il estimé, pointant des conséquences sur l’attractivité de la médecine libérale.
« Il est clair que ce genre de décision détruit la confiance des soignants libéraux envers la Caisse d’assurance maladie et notre système de santé », a conclu Avenir Spé.
En avril, le Comité d'alerte avait déjà mis en garde contre le « déficit croissant » des hôpitaux publics, qui constitue un « point de fuite majeur » pour les dépenses d’assurance maladie en 2025.
Conformément à la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS), l’Ondam est réhaussé de 3,4% en 2025 pour atteindre 265,9 milliards d’euros.