Départ d’Agnès Buzyn : un festival de critiques sur la toile

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De nombreuses voix critiquent le bilan d’Agnès Buzyn au ministère de la Santé. Mais aussi sa décision de partir à l’heure où le ministère fait face à une mobilisation d'ampleur pour défendre l’hôpital public, sans oublier la gestion de l’épidémie liée au coronavirus.

Départ d’Agnès Buzyn : un festival de critiques sur la toile

Un peu plus de 24 heures après l’annonce de l'arrivée d’Olivier Véran à la tête du ministère de la Santé, les langues se délient pour évoquer le départ précipité et le bilan d’Agnès Buzyn au ministère.
 
Certains, comme la FHF (fédération hospitalière de France) ont tenu à remercier Agnès Buzyn pour son travail accompli au ministère. Selon le syndicat, c’est une ministre « solide », « experte », aux « convictions fortes » qui « a su conduire avec force et engagement de nombreux dossiers structurants pour le secteur de la santé en France ».
 
Le président de la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP), Lamine Gharbi, y est aussi allé de son hommage, en saluant « le remarquable travail » accompli par Agnès Buzyn « avec qui nous venons de signer un protocole garantissant à nos établissements de santé une évolution positive des ressources pour les trois années à venir. Nous devons cette avancée majeure à une ministre qui a toujours montré une réelle attention à nos difficultés et su faire preuve d’une véritable écoute ! »

Sens de l'écoute ou surdité ? 

Des capacités d’écoute qui sont loin d’être reconnues par tout le monde… Pour le collectif Inter-Urgences, Agnès Buzyn « restera, pour le monde hospitalier, celle qui n'a pas voulu entendre alors que les cris n'ont jamais été aussi forts », a déclaré sur Facebook le collectif qui estime, à propos de sa candidature à la mairie de Paris que « les masques tombent et les ambitions personnelles se font jour ».

Des ambitions personnelles également dénoncées par le collectif Inter-Blocs sur Twitter qui a réagi de la manière suivante aux larmes d’Agnès Buzyn, lors de la cérémonie de passation de pouvoir :  
 
« Des larmes pour notre système de Santé qui s'effondre ? Pour les patients qui meurent à cause des décisions politiques économiques ? Pour les soignants qui se sont suicidés à cause d'un management devenu inhumain ? Non des larmes pour une ambition personnelle... ».

Quant au manque d’écoute d’Agnès Buzyn dénoncé par le collectif Inter-Urgences, il n'est pas sans rappeler les mots du sociologue Pierre-André Juven. Co-auteur de La Casse du siècle, qui propose une analyse des politiques hospitalières successives qui ont abouti à la crise actuelle, il déclarait à WUD il y a quelques mois, à propos de la crise de l’hôpital public : « Tout le monde dit que ce n’est plus possible. Et, ce qui est incroyable, c’est la surdité des membres du cabinet ministériel et la surdité de la ministre de la Santé, comme si cela allait passer… »

D’autres ont exprimé leur incompréhension concernant le départ précipité d’Agnès Buzyn, au moment même où elle était confrontée à une forte et longue mobilisation pour sauver l’hôpital public et gérer le dossier du coronavirus : « C'est très curieux de quitter (si elle quitte) le ministère dans ces conditions ; une forme d'aveu de lassitude ou d'échec ?? », a twitté ce dimanche 16 février le Dr Gérald Kierzek. Et d’ajouter que son bilan au ministère de la santé n’est « pas glorieux. Pourtant faire pire que sa prédecesseure était difficile ! »

Les critiques sont similaires du coté du médecin Sabrina Ali Benali : « Imagine le chirurgien au bloc ou l’anesthésiste quand le patient est en arrêt cardiaque : « bon j’y vais, j’en ai envie ». Crise de l’#hopital , réforme des #retraites, #coronavirus ... @agnesbuzyn a envie de s’en aller. Le sens du devoir. »

Quant à l’UFMLS, elle considère dans un communiqué qu’Agnès Buzyn « a fait le choix d’abandonner ses fonctions ministérielles pour privilégier l’intérêt de La République en marche ». Le syndicat estime en effet qu’elle était en charge de dossiers très importants. Tout d’abord, l’épidémie du coronavirus, alors qu’Agnès Buzyn avait déclaré fin janvier : « Je ne ferai pas campagne (pour la mairie de Paris, NDLR) si la crise du coronavirus devait se transformer en pandémie mondiale ».
 
Autres dossiers importants soulignés par le syndicat : la crise des urgences, les hôpitaux qui « s’effondrent », les démissions de médecins « qui se comptent par centaines », la multiplication des suicides d’internes, de médecins, d’infirmières, l’épuisement de la médecine de ville…
 
Pour résumer, « un(e) capitaine ne quitte pas le bateau dans la tempête ! L’intérêt d’un parti ne peut être supérieur à, celui de la nation ! », poursuit l’UFML dans son communiqué.
 
Du côté du collectif Inter-Hôpitaux (CIH), on estime que « depuis 4 mois, le ministère de la santé s’est montré incapable de prodiguer autre chose que des bonnes paroles ». Et d’attaquer la ministre qui a déclaré : « J'aime Paris, je la connais, j'y suis née, j'y habite depuis toujours, et je pense avoir beaucoup à apporter à toutes celles et tous ceux qui, comme moi, y vivent au quotidien ». Réaction du CIH : « Même discours que pour l’hôpital et l’APHP... On a vu ce que cela a donné ! »

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