Dans l’ombre de la fibromyalgie, le pouvoir de la force magnétique donne un nouvel espoir aux patients

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L’étude multicentrique internationale révèle une probabilité de réduction de l’intensité de la douleur de 92,6 % grâce à un traitement par stimulation magnétique transcrânienne du cortex (rTMS) sur une durée de 8 semaines, en comparaison de l’utilisation d’un placebo. Néanmoins, après ce délai, la totalité des bénéfices n’est pas conservée.

 

Dans l’ombre de la fibromyalgie, le pouvoir de la force magnétique donne un nouvel espoir aux patients

© Midjourney x What's up Doc

Envoyer des ondes magnétiques sur le cortex, tu feras, pour diminuer la douleur des fibromyalgies. Loin de la fiction des sabres lasers, mais bien réelle et effective, la stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) du cortex moteur (M1) confirme un potentiel thérapeutique contre la fibromyalgie. Les chercheurs ne précisent pas s’ils se sont inspirés de la saga Star Wars. Néanmoins, une étude ambitieuse apporte des éléments probants. La recherche multicentrique internationale a été menée au Brésil, en France (AP-HP, Hôpital Ambroise-Paré, Université Paris-Saclay) et au Japon. Ses résultats sont en accès libre dans l’article British Journal of Anaesthesia du mois de décembre.

La force des résultats

À 8 semaines, le premier modèle statistique montre que la rTMS effective a 99,4 % de chances de permettre une réduction d’au moins 50 % de la douleur des patients comparativement au groupe sous placebo (OR = 3,04). Une autre analyse, en fréquence, révèle que 40,4 % des participantes du groupe actif atteignaient cette amélioration contre 18,4 % dans le groupe sous placebo (p = 0,028).

La douleur et ses conséquences, avec la rTMS tu pourras vaincre

Outre la réduction de la douleur, l'étude rapporte plusieurs autres améliorations après rTMS :

  • 92,6 % de probabilité d'une réduction de l'intensité moyenne de la douleur,
  • 65,8 % de probabilité de réduction de l'interférence de la douleur dans les activités quotidiennes,
  • 80,1 % de probabilité d'amélioration des scores du questionnaire d'impact de la fibromyalgie (FIQ),
  • Probabilité d’amélioration des niveaux d’anxiété chez 67,7 % des patientes.
  • Diminution de l’usage d'antidépresseurs dans 77,3 % des cas, traduisant une meilleure perception globale de l'état de santé selon les chercheurs.

L’étude rapporte que 96,8 % des participantes et 88,8 % des cliniciens jugeaient l’état « beaucoup » ou « modérément amélioré » à la huitième semaine après rTMS.

Les effets de la force indétectable par les patients

En effet, aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les groupes placebo et rTMS quant à la capacité des participants à deviner correctement leur groupe d’affectation en fin d’étude.

101 femmes adultes diagnostiquées avec une fibromyalgie résistante au traitement habituel ont été randomisées en deux groupes, recevant soit une stimulation active, soit une stimulation simulée (groupe placebo). Chaque protocole comprenait 3 phases.

Les dix premiers jours, les patients ont reçu des séances d'induction quotidiennes, suivies de séances hebdomadaires d'entretien les 6 semaines suivantes. Enfin des séances bimensuelles ont été appliquées au cours des 8 dernières semaines

Lors de chaque séance, 3000 impulsions magnétiques de 10 Hz étaient délivrées sur le cortex moteur primaire (M1) à 80 % du seuil moteur de repos pendant 15 minutes.

Une technique bien tolérée

Les chercheurs notent qu’aucun événement indésirable grave n’a été rapporté. 

Les événements, le plus souvent d'intensité légère à modérée, avaient une incidence similaire entre le groupe actif et le groupe simulé.

Parmi ces événements, on retrouve les céphalées (rTMS, 15,4 % ; placebo, 16,3 % ; p = 0,897), les douleurs cervicales (rTMS, 13,5 % ; placebo, 10,2 % ; p = 0,613) et la somnolence (rTMS, 13,5 % ; placebo, 10,2 % ; p = 0,613)

L’étude souligne néanmoins qu’à la semaine 8, 80,8 % du groupe rTMS et 75,5 % du groupe simulé n’avaient signalé aucun effet secondaire.

En France, la rTMS n’est plus une galaxie lointaine

La stimulation magnétique transcrânienne est déjà utilisée dans certaines indications de douleur neuropathique, notamment au CHU de Nantes. Elle cible des douleurs centrales ou périphériques comme le zona, les séquelles opératoires, le diabète ou les AVC.

Selon leurs données, 30 à 50 % des patients traités constatent une réduction de leur douleur d’environ 50 %.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/depression-maladies-de-parkinson-et-dalzheimer-toc-et-si-lon-soignait-le-cerveau-avec

Que la force magnétique soit avec vous !

Cependant, concernant la fibromyalgie, l’application de la rTMS reste encore émergente. Le 12 mai, journée mondiale au ruban bleu de lutte contre la fibromyalgie, sera l’occasion de rappeler que les causes de cette maladie restent inconnues. Ainsi certains patients restent avec des douleurs persistantes malgré les traitements. Cette étude pourrait bien ouvrir la voie à une reconnaissance élargie de cette approche. 

- Un article écrit sous la supervision de notre Conseillère médicale de la rédaction, Dr Cyrielle Rambaud
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