Construire un hôpital : un sacré chantier !

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Rencontre avec Olivier Boyer, DG du CHR d’Orléans

Construire un hôpital : un sacré chantier !

Un chantier hospitalier, c’est un voyage au long cours. Olivier Boyer, DG du CHR d’Orléans, raconte le sien à What’s up Doc. Entre 2010 et 2015, ce directeur d’hôpital a piloté la construction de son propre établissement, qui a ouvert ses portes il y a six mois.

 

What’s up Doc. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le chantier de la construction du CHR d’Orléans ?

Olivier Boyer. C’est un chantier de construction d’un hôpital neuf, sur la parcelle où se trouvait l’ancien hôpital qui date de 1975. Le motif majeur de ce projet était de regrouper l’ensemble des activités MCO du CHR, y compris les activités du pôle mère-enfant situées en centre-ville. Les travaux ont duré cinq ans durant lesquels l’activité ne s’est pas arrêtée. La seule véritable gêne que nous avons eue, c’est la limitation du nombre de places de parking durant les travaux !

WUD. Quand le travail a-t-il commencé ?

OB. L’idée avait émergé aux alentours de 2003. Ensuite sont venus le travail du programmiste, le concours d’architectes, les études, les appels d’offres… Les travaux ont commencé en 2009 et l’hôpital est ouvert depuis six mois.

WUD. Les directeurs d’hôpitaux sont-ils formés à ces questions ?

OB. Quand j’étais à l’Ecole des hautes études en santé publique [EHESP, qui forme les directeurs, ndlr], on nous disait que la génération précédente était celle des bâtisseurs, et que nous serions celle des gestionnaires. Raté. Mais il faut reconnaître qu’un chantier de la taille de celui d’Orléans, c’est une expérience qu’on n’a qu’une fois dans sa carrière.

WUD. Comment le chantier s’est-il adapté aux demandes du corps médical ?

OB. En principe, lorsque les travaux de construction démarrent, le projet n’est plus modifié. Mais dans la vie hospitalière, cela ne se passe pas toujours comme cela. En tout, il y a eu 2500 fiches modificatives sur le chantier. Certaines étaient modestes, d’autres plus importantes. A chaque fois que cela était nécessaire, nous avons soumis ces modifications aux différents acteurs, y compris bien entendu aux médecins.

WUD. Pouvez-vous nous donner des exemples ?

OB. En neurologie, le chef de service en place à l’époque de la conception du nouvel hôpital n’était pas favorable aux Unités neuro-vasculaires (UNV). Il a pris sa retraite avant le démarrage des travaux, et la nouvelle équipe a mis en place une UNV dans les anciens locaux dès 2009. Il a donc fallu changer les plans pour pouvoir accueillir cette activité dans les nouveaux.

WUD. On parle souvent de la résistance au changement de la part du monde hospitalier. En avez-vous fait l’expérience ?

OB. Ouvrir un nouvel hôpital est un défi considérable. C’est enthousiasmant mais cela peut être également inquiétant pour les soignants qui ont à cœur d’offrir une bonne qualité de prise en charge aux patients. C’est dans ce contexte qu’il peut y avoir résistance au changement lorsqu’il s’agit de se projeter dans les nouveaux locaux ou dans les nouvelles organisations qu’il convient de préparer en amont. Les difficultés d’adaptation que nous avons rencontrées sont en effet liées à une préparation insuffisante des nouveaux modes de fonctionnement.

WUD. Si vous en aviez la possibilité, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment ?

OB. Honnêtement, nous sommes assez satisfaits du pilotage. Mais il est vrai que le déménagement a été plus simple dans les services qui s’étaient fortement impliqués dans la préparation des nouvelles organisations médicales et soignantes. Donc s’il y avait quelque chose à refaire, ce serait probablement d’aider les équipes à se projeter et à imaginer leur activité dans les nouveaux locaux.

Crédit photo : CHR Orléans, Groupe-6

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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