Bernard Fontanille, un urgentiste à la télé

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Les médecines traditionnelles vues depuis votre canapé

Bernard Fontanille, un urgentiste à la télé

Bernard Fontanille est médecin urgentiste. Depuis trois ans, il travaille en collaboration avec la boite de production Bonne Pioche et Arte sur la série Médecines d’ailleurs, grâce à laquelle il voyage aux quatre coins du monde à la rencontre des médecines traditionnelles.

 

What’s up Doc. Avant Médecines d’ailleurs, il y a eu la médecine d’urgence. Pourquoi as-tu voulu devenir médecin ?

Bernard Fontanille.  La médecine, c’est un truc que j’ai depuis tout petit. Sur les fiches à remplir à l’école, quand j’arrivais à la question « que voulez-vous faire plus tard ? », je crois que j’ai toujours mis « médecin ». Il y a peut-être une année ou deux pendant lesquelles j’ai noté « prof de sport » à cause de mon frère, mais aussi loin que je me souvienne je voulais être médecin.

WUD. Quelque chose ou quelqu’un t’as donné le déclic ?

BF. Ça ne vient pas de ma famille. Nous n’avons presque personne qui a exercé dans le domaine médical. Je pense que celui qui m’a donné envie de devenir médecin, c’est mon pédiatre. Il était croate, son cabinet était incroyable. C’était un vrai musée de la médecine, du coup j’adorais y aller.

WUD. Comment es-tu devenu urgentiste ?

BF.  Presque par hasard en fait. Au départ, je voulais faire ophtalmo, et puis je me suis rendu compte que je passerais ma vie dans un cabinet, ce qui ne me tentait que très moyennement. En sixième année, je suis parti à Thonon pendant un an, puis j’ai fait six mois de stage en tant qu’interne à Chamonix, c’est là que je me suis fait une petite place et que j’ai découvert les urgences. Ça m’a plu. C'est une région montagneuse, ça me semblait évident que les urgences dans ces reliefs, ce serait quelque chose d'unique. 

WUD. Médecines d’ailleurs tas emmené dans pas mal de pays. Qu’est-ce que l’émission a apporté à ta pratique médicale ?

BF. Très sincèrement, dans ma médecine quotidienne, pas grand chose. En partant à la rencontre des rebouteux, des médecins traditionnels de tous ces pays, on change complètement de paradigme. Tu passes d’une médecine très occidentale à quelque chose de très différent et totalement nouveau. Ce que l'on voit au Cambodge, ou en Afrique, on ne peut pas l'appliquer à notre médecine européenne. En tous cas, pas aux urgences. Mais en tournant Médecines d'ailleurs, j'ai appris à poser cet autre regard beaucoup plus humain sur la médecine. Tous ces praticiens traditionnels que tu rencontres savent qu'il faut prendre en compte le patient en tant qu'humain, et pas juste comme une pathologie. C'est très important.

WUD. Comment fait-on en tant que médecin, quand on observe ces praticiens employer des méthodes que l'on peut penser peu efficaces ou risquées ?

BF. C’est difficile, mais il faut savoir mettre de côté le médecin pour laisser la place au journaliste et adopter un regard presque candide sur ces pratiques qu'on découvre. Notre rôle n’est pas de venir les voir, et de leur dire qu’ils font n’importe quoi. Nous venons à leur rencontre pour qu’ils partagent leur expérience avec nous, et c’est très important de respecter ça. Et puis, ces médecins font de leur mieux, ils ont le mérite d’exister là où il n’y a souvent pas d’autre accès aux soins. Ils font simplement avec les moyens dont ils disposent. On doit apprendre à regarder ces gens pratiquer leur médecine sans a priori tout en restant réalistes malgré tout. On ne va pas se mentir, je préfère me fracturer la jambe en France qu'au fin fond de la Birmanie.

WUD. Et pour la suite ?

BF. Après tous ces voyages, j'ai envie de continuer à aller rencontrer tous ces gens qui soignent, et pourquoi pas me lancer dans l'humanitaire. Plutôt quelque chose qui se mettrait en place sur le long terme. Je préfère passer dix ans dans un tout petit hôpital de campagne et faire monter le niveau de prise en charge des patients en formant des praticiens plutôt que d'arriver, de donner des fonds, faire construire un centre de soin et les laisser se débrouiller derrière. Le mieux qu'on puisse faire c'est toujours de faire en sorte de mieux soigner ceux qui en ont besoin. C'est essentiel. 

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Propos recueillis par Johana Hallmann

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