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Un document particulier a été présenté hier par l’avocate du CNOM lors du procès de l’ex-chirurgien. Celui-ci est daté de juillet 2008, au moment où Joël Le Scouarnec - déjà condamné trois ans auparavant pour détention d'images pédopornographiques - sollicitait son inscription au conseil départemental de Charente-Maritime, pour pouvoir exercer à Jonzac.
Dans ce courrier adressé à son antenne départementale de Charente-Maritime, l’Ordre national alerte sur la situation pénale de Joël Le Scouarnec, tout en ne formulant pas de recommandations particulières.
Le CNOM « met en doute le fait que les conditions de moralité requises pour (l’)inscription (de Le Scouarnec) soient réunies », dit le document, mais laisse son antenne départementale du 17 décider seule d’autoriser ou non le chirurgien à exercer.
À l'époque, le conseil départemental de Charente-Maritime avait finalement décidé d’accorder sa confiance au chirurgien, comme l’avait fait avant lui celui du Finistère.
« On aurait dû faire un recours »
« Un suivi plus rigoureux de cette appréciation aurait dû être assuré par le CNOM afin de garantir que, dans ces conditions, Joël Le Scouarnec soit empêché d’exercer », a admis dans un communiqué le CNOM. « Cette situation a mis en évidence des échanges défaillants entre les différentes entités de l’Ordre des médecins, et nous le regrettons très vivement ».
À la barre, l’avocate du CNOM a explicité : « on aurait dû faire un recours disciplinaire ou faire appel de la décision. On a attiré leur attention, mais on n’est pas allé plus loin. Et c’est ça qu’on regrette aujourd’hui », a-t-elle déclaré, citée par le journal 20 minutes.
Jugé depuis fin février pour des faits de viols et agressions sexuelles sur quelque 300 victimes, l’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec est passé aux aveux la semaine dernière, reconnaissant l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.
Dans ce procès hors-norme, l’Ordre des médecins s’est constitué partie civile, ce qui avait outré les associations de soutien aux victimes, qui lui reprochent son inaction sur ce dossier, alors même qu’il était au courant du profil pédocriminel de l’ex-chirurgien.
Le procès, considéré comme la pire histoire de pédocriminalité jamais jugée, durera jusqu’en juin devant la cour criminelle du Morbihan.