3 000€ les 24 heures de garde pour un anesthésiste à Cahors, quand l’offre et la demande s’invitent à l’hôpital…

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La pénurie de médecins, notamment en poste à l’hôpital public, crée un effet d’aubaine pour les agences d’intérim. Les prix des gardes s’envolent, sans aucune comparaison avec les salaires des hospitaliers en poste.

3 000€ les 24 heures de garde pour un anesthésiste à Cahors, quand l’offre et la demande s’invitent à l’hôpital…

Martin Hirsch patron de l’AP-HP le mentionnait pour les infirmières. Actuellement avec la crise que traverse l’hôpital public, et en l’attente de prochaines réformes promises hier par Emmanuel Macron, l’intérim explose. Et quand on dit que l’intérim explose, c’est aussi et surtout les tarifs pratiqués qui deviennent incontrôlables ces derniers mois.

C’est tout simplement la loi de l’offre et de la demande qui s’applique : il y a une pénurie de personnel à l’hôpital et donc les enchères s’envolent. France Inter a listé ce matin des tarifs pratiqués qui laissent songeurs : certains établissements privés, notamment en banlieue parisienne proposent des gardes de 24 heures à des médecins urgentistes payés 2 000€ net. En Gironde, la même somme est proposée, mais l’établissement ajoute les frais de déplacement et d’hébergement. Et carrément la radio publique a trouvé à Nancy une vacation allant jusqu’à 2 500€ net. Le record relevé est une agence d’intérim qui propose la journée de 24 h pour un anesthésiste à 3 000 € dans un hôpital de Cahors.

Le comparatif avec les salaires des médecins hospitaliers, pour une journée de travail comparable est accablant, eux sont payés entre 500 et 600€ pour la même tâche, en fonction de leurs indices, ancienneté etc.

« Certains jeunes médecins, après quelques années à l’hôpital, abandonnent pour devenir mercenaires »

"Il y a des jeunes médecins qui ont fait quelques années à l’hôpital public et qui abandonnent ces postes de médecins hospitaliers pour être mercenaires" explique Guillem Bouilleau, chef du service des urgences à l’hôpital de Chinon à France Inter. "Ils se disent : 'je vais faire des remplacements, je vais faire mon planning avec mes propres contraintes mais je ne m’engage pas dans l’hôpital public".

Pourtant, normalement, il existe un texte de loi, un décret de 2017, pour éviter ces dérives financières et encadrer, donc, le recours au travail intérimaire dans les hôpitaux. Le tarif est de 1 170€ la garde de 24 heures pour un médecin. Mais faute de candidats, plus personne ne respecte ce taux. Nécessité fait loi.

"Il faut immédiatement réguler ce travail intérimaire avec l’arrêt de ces salaires mirobolants", ajoutee Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne, à Bobigny, toujours à France Inter. "Il faut dans le même temps revaloriser les gardes hospitalières. L’indemnité de garde pour un praticien hospitalier de 250 euros n’a pas été revalorisée depuis plus de 20 ans. 250 euros, c’est 20 euros de l’heure", ajoute-t-il. "Il ne faut pas exagérer ! Pour quelqu’un qui a fait dix ans d’études, qui est en charge d’une cinquantaine, voire d’une centaine de patients par jour, c’est absolument insuffisant."

 

 

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