Violences sexistes et sexuelles : l’ISNAR-IMG s’engage pour éclairer le chemin de la lutte

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Si la parole se libère, il faut que les actions suivent. Et pour cela, l’ISNAR-IMG a préparé un plan d'action. Entretien avec Marina Dusein, porte-parole de l’ISNAR-IMG et Vanina Arigault, qui en est la Première Vice-Présidente.

Violences sexistes et sexuelles : l’ISNAR-IMG s’engage pour éclairer le chemin de la lutte

L’ISNAR-IMG s’engage dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. « C’est un sujet qui était déjà au cœur de la structure depuis longtemps, en suivant l’actualité. Maintenant, il y a un poste dédié aux violences sexuelles et sexistes depuis mars 2021, qui a évolué vers un poste centré sur la lutte contre les discriminations. Le mouvement #metoo a libéré la parole, il est important d’apporter une réponse adaptée. On a dû se positionner pour accompagner les internes qui remontaient des problèmes », entame Marina Dusein.

« En ce début d’année, les chiffres ont montré des violences massives et systémiques. Il faut des actes, le constat est là, il faut passer à l’action » poursuit Vanina Arigault.

Vanina Arigault revient sur les demandes de l’ISNAR-IMG avec en premier lieu  « une formation pour systématiser le dépistage des violences sexistes et sexuelles, pour les universitaires, encadrants, médecins hospitaliers, on demande que ce soit une condition sine qua non à l’agrément de stage. Mais aussi une formation obligatoire à destination des internes. Même si la majorité des auteurs sont des médecins thésés, il y a une partie où elles sont faites par les internes. Et il faut toucher les témoins, les victimes et les auteurs.

Autre point important : « la création au sein de chaque CHU d’une cellule destinée à la prévention et au traitement de ces violences avec une personne référente VSS, responsable de mener une campagne de sensibilisation mais aussi de réfléchir à un parcours de signalement, que ce soit l’acteur de premier recours pour signaler les violences, pas forcément des médecins, mais une personne formée à cela et neutre. Son rôle est de recueillir la parole des victimes, l’accompagner dans les premières démarches en fonction de ce que souhaite la victime, l’orienter vers un médecin, psychocologue mais aussi faire remonter l’information, demander une extraction de stage si la victime le demande », liste Vanina Arigault.

« Il est important de sortir de l’omerta, sortir du copinage, et donc d’avoir une personne neutre, pour faire entendre la voix des victimes », ajoute Marina Dusein.

Mais qui dit situations de harcèlement et violences dit aussi besoin de sanctions des auteurs. Pour cela, l’ISNAR-IMG propose des mesures.  « Nous avons discuté autour du retrait d’agrément, on souhaiterait que dans les terrains où il y a eu des VSS, il y ait une suppression d’agrément pour minimum 6 mois, et qu’il soit ensuite remis mais sous certaines conditions, notamment que tous les intervenants aient été formés aux VSS. Si une procédure disciplinaire est en cours, elle doit être terminée, et l’auteur des violences ne doit plus en contact avec les internes », liste Vanina Arigault. « Après ces 6 mois, nous souhaitons un an d’agrément probatoire. Durant cette 1ère année, la cellule du CHU se déplacera dans le service. »

Pour vérifier que cela soit appliqué à la lettre, « tout l’enjeu de notre demande est une remontée d’infos au sein du ministère. On demande un retour et un vrai suivi, avec une structure dédiée, que ce ne soit pas géré localement. On travaille avec les ministres pour le Plan national de lutte contre les VSS. Il y a une bonne dynamique, les acteurs se saisissent du sujet, il y a un traitement médiatique, avec la présidentielle qui arrive, la santé mentale qui devient un gros sujet… On a l’impression que tout s’emballe un peu et qu’on peut avancer alors que c’était compliqué avant, là, les gens se mobilisent », poursuit Vanina Arigault.

« Il y a encore des choses obscures mais l’inertie n’est plus possible aujourd’hui, il y a trop de gens impliqués, on en parle, on ne peut plus promettre sans s’engager davantage, c’est plutôt positif et moteur », conclut Marina Dusein.  

Des chiffres d’une triste concordance

Marina Dusein récapitule pour nous les différentes études qui se sont attelées à mesure le taux de harcèlement subi par les internes : 

« Selon la double thèse d'Amélie JOUAULT et Sara EUDELINE déposée en octobre 2020, sur 2 000 internes de Médecine Générale répondants (soit 20% des effectifs) :

  • 53,5% déclarent avoir été victimes de violences sexuelles au cours de leur cursus ;
  • 18% un harcèlement ;
  • Et 3% une agression sexuelle.

En mars 2021, l'ANEMF publie son enquête sur les VSS dans le 1er et 2e cycle des études médicales :

  • 49% des étudiants ont déjà subi des remarques sexistes en stage ;
  • Tout comme 38,4% des externes femmes ;
  • Et 9,7% des externes hommes ont déjà subi un harcèlement sexuel.

Enfin, l'Enquête Santé Mentale 2021 réalisée en collaboration ISNAR-IMG, ISNI et ANEMF montrent :

  • 23% d'humiliations ;
  • 25% de harcèlement sexuel ;
  • Et 4% d'agressions sexuelles au sein des répondants. »

 

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