Vers un « Google 3.0 du cancer »

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Le crabe n’a qu’à bien se tenir

Vers un « Google 3.0 du cancer »

Le projet ConSoRe a de quoi faire rêver tous les médecins-chercheurs : il vise à faire des bases de données sur le cancer un outil aussi simple à utiliser que Google. Le Dr Alain Livartowski présentait cette initiative la semaine dernière à la Paris Healthcare Week.

 

Un peu comme Martin Luther King, le Dr Alain Livartowski a fait un rêve. Cet oncologue de l’Institut Curie interrogeait les bases de données sur le cancer aussi simplement que s’il entrait une requête dans son moteur de recherche favori. Une idée folle qui est en train de devenir réalité via une initiative d’Unicancer : le projet ConSoRe (pour Continuum soins-recherche). Alain Livartowski en expliquait les détails la semaine dernière à l’occasion de la Paris Healthcare Week, et il a accepté de répondre aux questions de What’s up Doc.

Le fax, le cancer et le chien de Sherlock Holmes

A l’origine du projet ConSore figure un triste constat. « Aujourd’hui, on n’a pas les outils qui permettent d’interroger les systèmes d’information de façon transversale », regrette Alain Livartowski. « Les données sont trop éparses ».

Et pourtant, des solutions existent. « Si je suis au milieu de la campagne, que j’ai lu un livre dont je sais qu’il parlait du chien de Sherlock Holmes mais dont j’ai oublié le titre, j’interroge mon smartphone et j’ai la réponse instantanément », observe l’oncologue. « Mais si je suis dans mon hôpital et qu’une numération a été faite dans le laboratoire d’à côté, il m’est impossible d’avoir les résultats autrement que par fax. »

Une réponse en moins d’une seconde

Le « Google 3.0 du cancer » qu’Alain Livartowski appelle de ses vœux aurait surtout des implications en recherche. « On pourrait obtenir des listes de patients qui souffrent de certains types de cancers, trouver des patients similaires, faire de la prédiction, élaborer de nouvelles classifications, identifier des cas rares », énumère le praticien. Mais le plus important est la rapidité. « On pourrait poser n’importe quelle question et avoir la réponse en moins d’une seconde », rêve-t-il.

Un exemple de cas concret où le projet ConSoRe pourrait faire la différence ? « De 10 à 15 % des patientes qui ont un cancer du sein triple négatif avec mutation BRCA1 ont une réponse complète à la chimiothérapie néoadjuvante », observe Alain Livartowski. « Ces patientes sont différentes des autres, les données pour comprendre pourquoi existent, mais on n’a pas la réponse. »

C’est possible puisque Google l’a fait

Alors, c’est possible ? « On sait que oui, puisque Google le fait », affirme Alain Livartowski. « Mais on sait aussi que cela pose énormément de problèmes ». Le projet ConSore a tenté de s’y atteler. « La version 0 a montré que le projet était faisable, mais il y avait beaucoup de bruit [résultats non-pertinents, ndlr], avec une interface pas du tout Google-like », se souvient Alain Livartowski.

Mais les équipes d’Unicancer n’ont pas abandonné. « On a beaucoup travaillé pour avoir des réponses plus pertinentes, et nous recevrons cet été la version 1 qui sera installée dans trois ou quatre sites », explique le cancérologue. Et la suite ? « Elle dépendra des résultats de la V1. Nous allons tenter de l’étendre à d’autres sites, voir s’il est possible de monter des études multicentriques… »

Et quand on lui demande si ConSoRe pourrait être utilisé dans d’autres domaines que dans le cancer, la réponse fuse, enthousiaste : « Absolument ! »

Source:

Adrien Renaud

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