Urgences de Laval : «Il nous manque deux tiers d’effectif, nous fonctionnons avec 5 médecins au lieu de 16… mais on est très sympas.»

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Alors que la situation est très tendue aux urgences de Laval depuis des mois, avec des fermetures de nuit régulières, le déblocage d’une enveloppe de 80 millions d’euros vient d’être annoncé. What’s up Doc a recueilli la réaction Dr Caroline Brémaud, cheffe de ce service.

Urgences de Laval : «Il nous manque deux tiers d’effectif, nous fonctionnons avec 5 médecins au lieu de 16… mais on est très sympas.»

What’s up Doc : Quelle est votre réaction suite à cette annonce ? Dans quelle mesure cette enveloppe sera-t-elle allouée aux urgences du CH de Laval ?  
Dr C. Brémaud
 : C’est une très bonne nouvelle ! Ce n’est pas une surprise car nous travaillons depuis un an sur le projet de nouveau bâtiment pour les urgences et la réa mais c’est toujours mieux lorsque c’est écrit noir sur blanc. La moitié de cette enveloppe environ va y être affecté. D’ici 4 ans, nous aurons donc un bâtiment bien dimensionné pour les urgences. Tout le monde va y gagner : les patients et les soignants. Il nous manque aujourd’hui des espaces pour prendre en charge dignement les patients. Nous n’avons pas non plus de salle de repos agréable pour les soignants. Par ailleurs, nous avons négocié avec l’ARS une enveloppe de 1,5 millions d’euros pour améliorer les locaux en attendant les travaux, et espérons que cela jouera sur l’attractivité de notre hôpital. Notre équipe médicale est resserrée mais très sympa -c’est ce que disent les étudiants qui viennent en stage à Laval- et nous n’avons pas de problèmes de sous effectifs de personnels paramédicaux. Les locaux étaient notre point noir. 

 Combien de médecins urgentistes vous manque-t-il en ce moment ? Comment expliquer cette situation ?  
Dr C. B. : Il nous manque deux tiers des effectifs ! Nous fonctionnons avec seulement 5 médecins ETP sur une cible de 16 médecins. Nous avons deux jeunes praticiens hospitaliers qui ont quitté le service en octobre car ils en avaient marre des conditions de travail dégradées. L’une est partie pour être médecin-pompier et l’autre dans un centre de soins non programmés en région parisienne. En dehors des problèmes de locaux, nous manquons de lits d’aval sur l’ensemble du CH, donc beaucoup de patients restent dans les couloirs.
Par ailleurs, nous nous trouvons dans un désert médical et près de 20% des Lavallois n’ont pas de médecin traitant, tellement le recours aux médecins généralistes est compliqué, ce qui augmente les passages aux urgences. Les intérimaires préfèrent travailler dans des centres hospitaliers où la charge de travail est moins importante, donc nous n’arrivons pas à combler nos lignes de garde. C’est pour l’ensemble de ces raisons que nous avons dû en arriver aux fermetures de nuit.

Quelles pistes pour redonner de l’attractivité à votre service ?
Dr C. B. : Comme le pointait le rapport remis par Daniel Moinard le 31 janvier dernier, notre hôpital va renforcer ses liens avec le CHU d’Angers et notamment faire venir à Laval des internes de spécialité de médecine d’urgence, si possible dès mai ou novembre prochain. Pour le moment, nous accueillons et formons des externes et des docteurs juniors mais nous manquons d’internes de spécialité. Or, on sait que c’est ce qui marche sur le long terme pour que des jeunes urgentistes restent à Laval. C’est ce qu’il s’est passé en cardio. Par ailleurs, avec le maire de Laval, nous avons décidé d’aller présenter le CH auprès des étudiants, dans les CHU, pour renforcer les dynamiques ville-hôpital.

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