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À l’hôpital Isabel Zendal de Madrid, dans l’immense salle du standard du SUMMA 112, le service d’urgences médicales de la région de Madrid, les opérateurs, casque à l’oreille, ont les yeux rivés sur leurs ordinateurs.
Sur les 3 500 appels qu’ils reçoivent chaque jour, ils savent déjà que certains concerneront dans les prochains jours des malaises, des chutes ou des pertes de connaissance qui auront un seul et même coupable : la chaleur.
Difficile à repérer au départ
« Première difficulté : il est difficile de détecter dès le départ un coup de chaleur », explique à l’AFP Gemma Rodriguez, cheffe d’équipe au SUMMA 112, dont les soignants sont les premiers à intervenir en cas d’urgence, avant même un transfert à l’hôpital.
« On nous contacte d’abord pour une autre pathologie. Par exemple, une personne inconsciente, un ouvrier tombé d’un échafaud… On pense que la chute est due à autre chose alors que cela a pu être causé au départ par un coup de chaleur. Donc, au premier abord, ce n’est généralement pas détecté », poursuit-elle.
« Mais il existe certains symptômes, à commencer par la température corporelle, de plus de 40 degrés. Si la peau est chaude, sèche, ou que la personne au contraire est en sueur, nauséeuse, vomit… Parfois dans les cas les plus graves, il peut y avoir des propos confus, une perte de conscience etc. », énumère la cheffe d’équipe.
« On peut aussi soupçonner un coup de chaleur s’il s’agit de personnes plus vulnérables : personnes âgées, enfants, malades chroniques », souligne-t-elle encore.
Faire baisser la température, le plus vite possible
« L’idée est avant tout de faire baisser la température, mettre le patient à l’ombre ou directement dans l’ambulance climatisée. En tout cas, les retirer de l’exposition au soleil », explique la secouriste.
« Ensuite, on peut appliquer des compresses, les refroidir avec du sérum froid, ou de l’eau glacée », poursuit-elle en ouvrant le frigo de l’ambulance. « Et on les applique sur les zones stratégiques du patient : aisselles, front, nuque, zone génitale, ventre ».
« Dans les cas les plus graves, on peut leur mettre du sérum en intraveineuse », pour hydrater les patients, souligne-t-elle encore.
Les bons réflexes pour éviter le pire
« Il y a deux types de profils particulièrement à risque : les gens qui travaillent au soleil (ouvriers, balayeurs…) et les sportifs… qui ne devraient pas faire de sport aux pires heures sous le soleil, c’est-à-dire de 12 heures à 16 heures », pointe Gemma Rodriguez en dépliant une couverture de survie, portée dorée à l’extérieur pour garder au chaud, argentée à l’extérieur pour empêcher les patients de se réchauffer davantage.
« Pour éviter le coup de chaleur, il faut bien s’hydrater, boire beaucoup, beaucoup d’eau, ne pas sortir aux heures d’exposition les plus importantes au soleil. Si on va faire du sport, éviter ces heures-là ou le faire dans une salle climatisée », rappelle-t-elle.
« Il faut également porter un chapeau, une casquette, des vêtements légers et se mettre à l’ombre ou dans les endroits climatisés », poursuit-elle.
« La saison des coups de chaleur a déjà commencé », conclut-elle, évoquant le cas, début juin, d’un couple de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer restées plusieurs heures en plein soleil en rase campagne.
L’homme était tombé dans un fossé de deux mètres et la femme s’était évanouie un peu plus loin. Pris en charge par le SUMMA 112, ils sont désormais hors de danger.
Avec AFP
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