Un neurochir’ écorche le mandarinat

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« Un statut qui nous coupe de beaucoup de talents »

Un neurochir’ écorche le mandarinat

La semaine dernière, le Dr. Marc Lévêque, neurochirurgien à la Pitié-Salpêtrière, créait le débat avec une tribune publiée dans Le Monde, où il dénonçait le rôle du mandarinat dans l’hôpital public. Il explique ses positions à What’s up Doc.

 

What’s up Doc. Pouvez-vous résumer en quelques mots vos principaux griefs contre le mandarinat ?

Marc Lévêque. Le statut actuel – qui a été une innovation en son temps, ne l’oublions pas –, apparaît aujourd’hui trop monolithique. Il nous coupe de beaucoup trop de talents, que ce soit ceux du libéral, les plus jeunes, ou encore l’expertise des médecins étrangers. Ce sont ces derniers qui, demain, nous aiderons à combler notre retard dans des secteurs comme la médecine algorithmique ou le big data. Par ailleurs, la médecine devient de plus en plus transversale et s’éloigne de la médecine d’organe. A titre d’exemple il n’y a aucun PU-PH dans le domaine de la douleur, et ceux de médecine générale ou de psychiatrie sont sous-représentés. Il y a là un cadastre à revoir.

WUD. Vous nous dites que le fait d'avoir publié ces critiques dans Le Monde vous a attiré des ennuis…

ML. Oui, et cela n’a rien d’étonnant. Mais tout ceci n’a pas tellement d’intérêt.

WUD. Vous prônez une forme de contractualisation des PU-PH. A quoi cela ressemblerait-il ?

ML. Cette contractualisation favoriserait un certain turn-over basé sur l’excellence et accompagnerait ainsi les profondes mutations à venir. Elle doit absolument rester entre les mains des médecins, qui sont seuls à même de juger leurs pairs. Il ne s’agit surtout pas de renforcer le pouvoir d’une administration hospitalière déjà trop pesante et parfois déconnectée. Le modèle est à réinventer, et cette période pré-électorale me semble être le bon moment pour cela.

WUD. Vous plaidez également pour l'évaluation périodique des PU-PH par leurs internes en vue d'une recertification. Pouvez-vous nous en dire plus ?

ML. J’évoque dans ma tribune l’exemple du Canada, réputé pour l’excellence de sa formation médicale, où les enseignants sont notamment reconduits d’après l’appréciation des internes qu’ils forment. Nous pourrions nous en inspirer. Selon le même exemple, il serait bienvenu qu’un examen sur la spécialité vienne valider l’apprentissage des internes en fin de troisième cycle. Non seulement cet examen diplômant garantirait un socle de connaissances pour chaque praticien, mais surtout il obligerait à un temps protégé pour l’enseignement et motiverait les internes et donc les enseignants.

WUD. Les critiques contre le système du mandarinat ne sont pas nouvelles. Qu'apportez vous qui n'a pas encore été dit ?

ML. Effectivement, je reprends certains points que le rapport Gaillard abordait. Mais force est de constater que, cinq ans plus tard, rien n’a véritablement changé…

WUD. Vous ne voulez pas devenir PU-PH ?

ML. Pensez-vous que j’aurais cette liberté de parole si j’aspirais à le devenir ?

 


Pour lire la réaction de jeunes universitaires à la tribune de Marc Lévêque, c'est par ici !

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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