Un médecin, ca peut sauver des vies, pas la planète

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Début décembre, c'était la COP21 : les grands de ce monde étaient réunis à Paris pour sauver la planète. A l'heure o`u nous mettons sous presse, nous ne savons pas si leur mission sera remplie. Mais une chose est sûre : si l'humanité a une petite chance de limiter le réchauffement climatique, tout le monde doit s'y mettre. Y compris nous. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a du boulot.

Un médecin, ca peut sauver des vies, pas la planète

La médecine, pas très verte…
87,5 kg d’équivalent CO2 par lit et par jour. C’est ce qu’émettent, en moyenne, les hôpitaux français. Ce chiffre, avancé par le Comité pour le développement durable en santé (C2DS), est à comparer avec les 20 kg par habitant émis quotidiennement en France. Électricité, eau, carburant, chauffage… Le diagnostic est clair : l’hôpital consomme beaucoup. À l’heure de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, les médecins sont-ils mobilisés sur la question ? Pas vraiment. « Je peux constater, en étant dans des établissements tous les jours, que la sensibilité des médecins à la problématique environnementale est proche de zéro » constate Olivier Toma, président du C2DS. Même constat du côté du Pr Jean-François Toussaint, membre du Haut Conseil de la santé publique qui a dirigé un rapport sur le sujet de l’adaptation au changement climatique. « La connaissance concernant les risques liés à ces questions est bien diffusée chez les médecins » reconnaît l’universitaire, « mais l’appréciation de leurs actions individuelles, beaucoup moins ».

Montagnes de déchets
Tout se passe comme si les médecins, occupés à sauver des vies, en oubliaient la planète. Plusieurs raisons à cela, dont ce qu’Olivier Toma appelle « la culture du jetable à usage unique ». Les médecins en ont trop peu conscience, mais du coton au drap d’examen, leur activité génère des montagnes de déchets. Bien sûr, comme le rappelle le Pr Pascal Astagneau, directeur du Centre de coordination de lutte contre  les infections nosocomiales (CCLIN) Paris-Nord, « l’usage unique a été un projet majeur  pour le risque infectieux dans  les soins médicaux ». Mais cela ne devrait pas nous  empêcher de tenter de changer  de comportement et de discours.

Coups de chaleur, dengue et chikungunya
Car, comme l’explique Olivier Toma, l'impact de l'hôpital sur l’environnement ne se limite pas aux compresses qui sont jetées. Les patients étant à leur écoute, « les médecins doivent devenir les experts du changement climatique », relève le militant. « Si le message est porté par une administration, il n’a aucune valeur. S’il est porté par un médecin, c’est différent ». La prise de conscience est d’autant plus nécessaire que le changement climatique aura  un impact direct en termes de morbimortalité : « On aura des coups de chaleur, des décès par déshydratation comme lors de la canicule de 2003 », avertit le Pr Toussaint. Ce n’est pas tout. D’après l’universitaire, il faut s’attendre à voir émerger de nouvelles maladies. « Le moustique tigre, qui peut transmettre le chikungunya ou  la dengue, remonte vers le nord au rythme  de 2 départements par an », explique-t-il. Alors, pour éviter d’avoir à potasser les traités  de médecine tropicale, une seule solution : limiter nous aussi l’impact environnemental de notre exercice !

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