Le décès de Christophe Barrat, qui s’est donné la mort dimanche dernier en tenue de chirurgien et dans les locaux de l’hôpital qui l’employait, suscite de nombreuses indignations. L’AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris), qui a suggéré que la maladie dont souffrait l’homme pouvait expliquer son geste a été vivement critiquée. Elle rapporte à présent que la révélation de cette information a été autorisée par l‘épouse du médecin « seule personne légitime à [la] délier de ce secret ».
Par ailleurs, l'AP-HP nie toute mise au placard du professeur Christophe Barrat. Bien au contraire, il était appelé à prendre de nouvelles responsabilités, révèle l'AP-HP : " le Professeur Christophe Barrat disposait de l’entière confiance et du plein soutien de la gouvernance du Groupe Hospitalier Universitaire que nous représentons et nous avions décidé collégialement de lui confier de nouvelles responsabilités, ce dont il était parfaitement informé et ce pourquoi il nous avait encore très récemment exprimé sa satisfaction."
« La violation du secret professionnel est inacceptable », a néanmoins opposé le SNPHARE (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs) dans un communiqué qui rappelle le caractère “général et absolu” du secret professionnel. » « Entendre l’administration rompre le secret médical et parler de maladie grave est à gerber, » a surenchéri le docteur Jérome Marty, administrateur de l’UFML (Union française pour une médecine libre) sur Twitter.
Oser demander de l'aide
Dans son communiqué, le SNPHARE rappelle également les démarches à suivre en cas de souffrance ressentie au travail et les numéros des lignes d’écoute psychologique. Une démarche qui s’inscrit dans la droite ligne d’internautes qui exhortent les médecins à s’exprimer davantage sur leur vécu. « Ne vous taisez plus, ne vous laissez plus faire, n’acceptez plus le mépris, alertez, signalez, demandez de l’aide, » insiste Jérome Marty.
Un directeur d'hopital souligne également que la plupart des praticiens n’ont pas de médecin traitant - qui pourrait détecter les signes de souffrance au travail - et n’osent pas solliciter les lignes de soutien psychologiques lorsqu’ils sont en souffrance. « Tous les soignants à qui j’ai dit “Tu as besoin d’une prise en charge médicale” m’ont invariablement répondu un truc du genre “mais non, mais j’ai honte”, » twitte ce directeur.
Voilà, donc :
- Trouvez-vous un médecin traitant, a fortiori si vous êtes médecin
- Appelez à l'aide quand vous en avez besoin
- Enregistrez le 0805 23 23 36 dans vos téléphones
- Soyez un peu sympa entre vous aussi
- Prenez soin de vous
- Arrêtez d'avoir honte
Bisous#Fin pic.twitter.com/ZUpyGnJbVk— La direction du Centre Hospitalier (@EPRDLover) 6 février 2019