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45 % des Français déclarent souffrir d’un trouble du sommeil. Et parmi eux, une grande partie ne consulte pas, ou mal. Le constat est désormais suffisamment alarmant pour justifier une feuille de route interministérielle 2025-2026, portée par le ministère de la Santé. Objectif : replacer le sommeil au cœur de la santé publique. Mais cette stratégie ne pourra réussir sans l'implication des professionnels de santé, notamment les médecins de premier recours.
Le sommeil, facteur de risque majeur sous-estimé
Derrière les troubles du sommeil se cachent des risques somatiques et psychiques majeurs, désormais bien documentés :
- +55 % de risque d’obésité chez l’adulte (+89 % chez l’enfant) en cas de sommeil insuffisant.
- +28 % de risque de diabète de type 2 quand le temps de sommeil passe sous la barre des 6h.
- Multiplication par 2 du risque de dépression en cas d’insomnie chronique.
- Perturbations majeures de la concentration, du raisonnement logique et de la vigilance, avec un impact direct sur les accidents de la route et la qualité de vie au travail.
La feuille de route intègre aussi les dernières données reliant altération du sommeil et développement de maladies neurodégénératives. Autant de raisons d’aborder systématiquement le sommeil en consultation, quel que soit le motif initial.
Outils concrets pour les médecins : repérage, prévention, dialogue
Le plan insiste sur le rôle des médecins généralistes et des pédiatres dans le repérage précoce, notamment chez l’enfant, via :
- L’intégration de nouvelles questions sur le sommeil dans le carnet de santé de l’enfant (depuis janvier 2025).
- L'inclusion du sommeil dans les consultations "Mon Bilan Prévention" pour adultes, avec des outils d’aide à la décision.
- Le soutien à l’usage de l'application Jardin Mental, gratuite et accessible à tous, qui permet un suivi quotidien du sommeil, de l’humeur et des traitements. Un outil utile pour nourrir le dialogue médecin-patient.
Le message est clair : poser la question du sommeil devient un acte médical fondamental, au même titre que le tabac ou l’alimentation.
Somnifères, mélatonine, déconnexion : des pratiques à encadrer
Face à la banalisation de l’automédication et du mésusage, le plan prévoit :
- Une campagne de sensibilisation sur le bon usage des benzodiazépines.
- Des recommandations de bon usage de la mélatonine, notamment pour les patients avec troubles du neurodéveloppement.
- Des mesures collectives pour limiter l’exposition aux écrans, y compris à l’école et en milieu universitaire.
Des soignants aussi concernés
Le document n’ignore pas les professionnels eux-mêmes : la dégradation du sommeil chez les soignants travaillant en horaires atypiques ou postés est identifiée comme une problématique de santé à part entière. Des recommandations sur l’organisation hospitalière sont attendues pour 2025, et une meilleure prise en compte du sommeil dans la formation initiale des infirmiers et des médecins est prévue. « Bien dormir, c’est l’affaire de tous », rappelle le texte. Cela commence aussi par la prise de conscience chez les soignants eux-mêmes que le sommeil est un levier de santé… y compris pour eux.
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