Silence, ça innove !

Article Article

L’innovation est au cœur de l’approche des centres de santé, qui déploient de nombreux projets avec les structures de soins des territoires où ils sont implantés. Passage en revue des initiatives portées par les centres de santé Kersanté

Silence, ça innove !

Tisser des partenariats avec les acteurs de santé locaux, inventer de nouvelles formes de collaboration pour répondre aux défis de notre système de santé, renforcer l’accès aux soins, désengorger les urgences, optimiser les parcours… Tout ceci fait partie de la stratégie des centres de santé, dans lesquels l’exercice médical est par essence coordonné.

 

« Les médecins ont du temps pour coordonner »

« Fondamentalement, le centre de santé est déjà une équipe de soins primaire tournée vers l’exercice coordonné », fait remarquer Antoine Bacholle, directeur associé d’Office Santé qui accompagne les centres Kersanté dans leur développement et leur gestion. « Du coup, les médecins coordinateurs ont du temps à consacrer à la mise en place de nouveaux projets de soins coordonnés, et c’est une mission qu’ils investissent pleinement. Les centres de santé ont aussi des moyens divers pour favoriser le développement de ces projets : des salles de réunions, mais aussi des assistants médicaux qui peuvent contribuer à préparer les réunions, le suivi des protocoles… 

 

De fait, dans les centres de santé Kersanté, les projets fourmillent. Si la crise du Covid a marqué un coup de frein à ces initiatives, la volonté des porteurs de projets est intacte, et les projets ne demandent qu’à démarrer.

 

Soulager les urgences

Il en va ainsi, par exemple, d’un projet porté par le centre de santé de Lorient, qui a prévu de s’allier à un hôpital pour ouvrir une antenne à côté des urgences. Cette antenne serait d’abord ouverte une demi-journée par semaine ; elle aurait pour but de désengorger les urgences et d’optimiser les parcours de soins.

 

Ainsi, les patients qui ne relèvent pas d’une prise en charge hospitalière seraient réorientés au sein de cette antenne, et auraient un accès rapide à une consultation de médecine générale. Ce projet vise également à renforcer l’accès à un médecin traitant, dans un quartier marqué par la présence d’un hôpital, mais où où peu de généralistes ont posé leur plaque.

 

« Task force » et téléconsultation

Autre projet dans les cartons : le jumelage entre deux centres de santé séparés par … quelques milles d’eau salée : Le centre du continent délèguera régulièrement des médecins pour renforcer l’offre de soins insulaire, permettre aux médecins installés sur place de partir en vacances, et renforcer l’équipe en période estivale. La création d’une telle « task force » est rendue possible par une contractualisation avec l’Assurance Maladie. Avec ces contrats, les médecins auront la possibilité d’enrichir leur exercice en travaillant sur plusieurs centres.

 

Chez Kersanté, les centres prévoient aussi de développer la téléconsultation en s’appuyant sur le réseau d’infirmiers libéraux, en ville. L’objectif est de mettre en place un processus de prise en charge continue pour les patients dépendants, difficiles à déplacer. Ce processus prévoit une ou deux visites annuelles du médecin au domicile, ainsi que des téléconsultations assistées par l’infirmier au domicile du patient, aussi souvent que nécessaires. Le projet inclut l’utilisation d’objets connectés (prise de tension, stéthoscope, électrocardiogramme…) au sein de ces téléconsultations assistées par les infirmiers. Objectif : obtenir un suivi régulier des personnes dépendantes, dépister leurs pathologies, prévenir et détecter l’aggravation de leur état de santé.

 

Rémunération : vers un article 51 ?

« Aujourd’hui, dans de nombreuses catégories de prise en charge, la rémunération à l’acte, à la consultation, paraît dépassée. Elle est peu représentative du nombre d’heures réelles passées à accompagner le patient en centre de santé, où la part de coordination est de plus en plus importante. Par ailleurs, la prise en charge par l’Assurance Maladie a ses limites en ce qui concerne l’accès à des professions pourtant très utiles - psychologue, ostéopathe, diététicien…  ».

 

Pour mieux refléter le travail des professionnels de santé et améliorer les parcours de soins, les centres de santé Kersanté souhaitent expérimenter la rémunération à la capitation (forfait annuel de prise en charge par patient). « En fonction des besoins du patient, on pourra adapter la prise en charge, mettre en place des protocoles spécifiques, remplacer la consultation systématique, qui n’est qu’un versant de la prise en charge, par des temps de prise de décisions thérapeutiques par exemple…  La rémunération au forfait permet au médecin traitant de remplir pleinement sa fonction de coordination, elle rend possible la médecine asynchrone ». Le projet est en cours de développement et sera proposé aux ARS dès qu’il sera finalisé.

 

Une plongée dans les centres de santé signée Kersanté et What's Up Doc. 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers