Richologue, une spé à part ?

Article Article

L’argent - avec ses excès - modifie-t-il la relation médecin-malade ? Le Dr Philippe Siou est médecin interniste depuis 30 ans à l’Hôpital américain, Neuilly-sur-Seine, sacro-saint lieu des soins bling-bling. Cet expert en patients lamés or y soigne célébrités, têtes couronnées et magnats de la finance, et en a même fait un roman à succès*.

Richologue, une spé à part ?

Premier étonnement : les patients milliardaires ne sont pas des vaches à lait. « La plupart ont beaucoup de succès dans les affaires, et n’ont qu’une obsession : ne pas se faire avoir ! », explique Philippe Siou. Le médecin escroc sera très vite démasqué, et sa réputation ternie dans le « milieu ». Car, comme on se passerait l’adresse d’un coiffeur ou d’un conseiller financier, les noms des médecins du gotha s’échangent sous le manteau et c’est ainsi que se constitue une patientèle de beautiful people

« Si on rate Sharon Stone, c’est pas pareil »

Quid du tarif des consultations ? Entre 100 et 150 €, selon le site de l’Hôpital américain. Pour ce prix, la patientèle 36 carats exige un service de standing. Compétence, rapidité et disponibilité permanente : traiter les VIP n’est pas de tout repos, ni sans risque. Les patients, et leur entourage, n’hésiteront pas à faire sentir l’épée de Damoclès médicolégale au-dessus du stétho, quand on ausculte un politique (très) haut placé ou un ténor du CAC 40, bref une huile.

Par exemple, le tollé médiatique auquel a fait face le Dr Delajoux, neurochirurgien ayant opéré notre Johnny Hallyday en 2009 pour une sciatique compliquée en post-op' peut sonner le glas d’une carrière. Si les VIP sont satisfaits, ils pourront cependant être très généreux. Ou pas… Certains patients type french actress demandent affablement : « Est-ce que je vous dois quelque chose ? » déjà un pied dans la berline, considérant qu’examiner un être aussi précieux est déjà une considérable rétribution.

« L’esclavage est aboli en France, mais pas pour les médecins »

L’exigence qui caractérise ce type de service, selon Philippe, devrait pourtant être la norme. Et il peut prendre des accents de Nuit Debout quand il enjoint les jeunes médecins à battre le pavé pour exiger une hausse du tarif de la consultation. À moins de 100 €, on fait de l’abattage, pas du travail de qualité. Mme la ministre de la santé ne fréquente pas « l’Américain », semble-t-il…

*Propofol, Philippe Siou, Éditions Léo Scheer

Les gros dossiers

+ De gros dossiers