Reports et renoncements aux soins : quel a été l’impact du premier confinement sur les patients ?

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Le premier confinement a été un temps d’arrêt dans tous les domaines, et la médecine n’y a pas échappé. En dehors des urgences et des patients Covid, de nombreux rendez-vous ou soins programmés ont été annulés ou reportés. WUD a fait réagir Alexis Vervialle, conseiller technique Santé chez France Assos Santé.

Reports et renoncements aux soins : quel a été l’impact du premier confinement sur les patients ?

L’observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) et l’Assurance Maladie ont publié une enquête sur l’impact du premier confinement sur les soins de santé. Résultats, nombreux Français ont vécu des reports ou annulations de soins. Parmi les consultations les plus reportées, on retrouve :

  • Le médecin spécialiste : 25% ; 
  • Le médecin généraliste : 39% ; 
  • Le dentiste : 23%. 

Les raisons  données sont « la fermeture des cabinets et structures de soins, une appréhension de la contamination, une temporisation de leur demande de soin, ainsi qu’une volonté de ne pas surcharger les professionnels de la santé pendant cette période », peut-on lire sur le site de l’Assurance Maladie.
 
Ces reports ont entrainé une hausse de l’anxiété et certains patients estiment que cela a aggravé le problème de santé pour lequel ils voulaient consulter, toujours selon l’enquête.  
 
« On comprend la nécessité de la déprogrammation pour libérer des lits. Mais il y a un principe d’organisation sanitaire inscrit dans le code de la santé publique  celui de la continuité des soins, qui est un principe fondamental et qui a été dur à assurer à cause du choc pandémique », explique Alexis Vervialle, Conseiller technique Santé chez France Assos Santé, contacté par WUD.
 
« Or, on remarque que les personnes dont les rendez-vous ont été déprogrammés n’ont pas forcément reçu d’information concernant un nouveau rendez-vous, ni l’impact que cela peut avoir sur leur pathologie. Une décision de déprogrammation doit être accompagnée pour ne pas être source d’angoisse. Cela nécessite de la pédagogie, de rassurer le patient », poursuit-il.
 
« Le premier confinement a été brutal et désorganisé. Le 2ème a été mieux pensé mais parfois un effet d’ embouteillage persiste. Nous avons eu des retours de personnes qui n’arrivaient pas à reprendre rendez-vous, notamment dans les régions démographiquement fragiles. Dans les Hauts de France, par exemple, les délais d’attente sont déjà très longs, il y a donc eu un effet d’accumulation supplémentaire », commente le conseiller de l’organisation d’usagers.
 
Autre point soulevé par Alexis Vervialle : « il faut assurer la coordination en cas de reprogrammation. Si tel acte est prévu avec tel chirurgien dans un établissement et qu’on est reprogrammé ailleurs, cela provoque de la tension et de l’anxiété ». Pareil pour les patients atteints d’une maladie chronique qui effectuent en temps normal un bilan annuel hospitalier et qui « à force de reprogrammations dues à une crise sanitaire qui dure depuis un an, n’ont pas pu, pour certains, bénéficier d’un suivi pendant 2 ans ».  
 
Sur la question de la téléconsultation, France Assos Santé rappelle que c’est une bonne alternative, « à condition que ce soit planifié, en accord avec le patient et son envie, et non pour rattraper des consultations annulées en catastrophe. »
 
L’Organisation d’usagers a elle aussi étudié du confinement sur les soins dans une enquête Viavoice publiée en décembre 2020. Elle a notamment cherché à mesurer l’impact sur la santé mais aussi la qualité de vie ou le moral des patients. Sur ce dernier point, ils sont 32% à avoir ressenti une baisse de moral suite à ce retard de soin. Chez les 18-24 ans, cela a été source d’angoisse pour 43%.
 

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