Réforme du système de santé : Les syndicats divisés

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Chacun défend son bout de gras

Réforme du système de santé : Les syndicats divisés

Les annonces du Premier ministre, mardi matin, sur la transformation du système de santé ont fait réagir les syndicats libéraux et les fédérations hospitalières, publique et privée. Les critiques plus ou moins prononcées sont très diverses.

« Nous, on veut y croire ». Le représentant des hôpitaux publics, Frédéric Valletoux, est optimiste. S’il critique la politique « d’économie pour les économies » imposée depuis des années aux établissements hospitaliers, le président de la FHF a bien reçu le discours du Premier ministre mardi. Invité au Magazine de la Santé sur France 5 le jour même, il a salué les différentes annonces d’Édouard Philippe.

Le public applaudit, le privé dénonce

Sur la généralisation des enquêtes de satisfaction auprès des patients, qui se pratiquent déjà dans un certain nombre d’établissements, Frédéric Valletoux soutient la politique de « transparence sur ces enquêtes » souhaitée par Édouard Philippe. Une transparence saluée également du côté des données de santé, cela permettra « à chaque Français de pouvoir avoir accès à son propre dossier médical (…) ça aussi c’est une révolution dans notre système de santé », a-t-il déclaré.

Si l’hôpital public semble impatient de travailler avec le Gouvernement pour améliorer le système de santé, le secteur privé ne l’entend pas de cette oreille. Lamine Gharbi est monté au créneau ce mardi pour « tirer la sonnette d’alarme ». Le président de la FHP accepte les projections à moyen et long terme de transformation de l’offre de soins proposées par le Premier ministre, mais trouve « pour le moins inélégant, voire choquant » la baisse des tarifs hospitaliers une nouvelle fois en 2018.

La médecine libérale partagée.

Chez les libéraux, le constat est mitigé. « Alors qu’on attendait une nécessaire réforme de l’hôpital public, c’est à la médecine libérale que l’on s’en prend une nouvelle fois », a réagi dans un tweet Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Il craint une « mise en pièce du mode de rémunération », conspuant les rémunérations forfaitaire ou à l’épisode, qui mèneraient à une « rémunération collectiviste aux mains des hôpitaux ».

Du côté de la CSMF, les critiques sont plus lights : le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz rappelle que « rien ne peut se faire sans les médecins libéraux » et craint une réforme « menée par des experts technocrates éloignés de la réalité du terrain ». Les jeunes et futurs médecins sont également partagés par les annonces du Premier ministre. Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) « constate qu’il ne s’agit pas ici d’annonce de mesures concrètes ni de financements supplémentaires » et s’inquiète quant à la prééminence de l’hôpital sur la médecine de ville. « Le fait que les ministres aient choisi un hôpital pour faire cette annonce (…) ne peut qu’entretenir cette interrogation », déclare le syndicat dans un communiqué.

Un système proche de l'explosion 

L’ANEMF, pour sa part, « salue une stratégie ambitieuse, qui s’appuie sur des changements structurels profonds », mais reste vigilante et, au-delà de la concertation, « attend de l’action », notamment sur l’avenir des ECNi, ainsi que « des mesures fortes pour réduire la pression organisationnelle qui est régulièrement à l’origine de drames humains. » Et l'ensemble de la profession veut aller vite : « À l'horizon 2018-2019, nous devons avoir des réponses sur la restructuration de notre système de santé, faute de quoi il explosera », a prévenu Patrick Bouet lors d’un point presse ce matin dans les locaux du Cnom.

Mais le boss de l’Ordre n’a pourtant pas lésiné sur les compliments : « enfin une approche globale, enfin un réel processus de travail avec l’ensemble des acteurs », a-t-il déclaré, satisfait de voir plusieurs des propositions de l’Ordre reprises par le Premier ministre. Tout en restant vigilant : « il ne faut pas que la réflexion obère ce qui doit être fait en urgence. » Une concertation à suivre dans le prochain épisode d’Amour, Gloire et Santé.

Source:

Thomas Moysan

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