Quel « médecin du futur » pour « l’Ehpad du futur » ?

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Le think tank « Matières grises » a publié début juin un rapport sur « l’Ehpad du futur ». Un document éclairant, mais qui n’évoque que peu le rôle du médecin. Explications avec Luc Broussy, patron du think tank et spécialiste des questions de vieillissement.

Quel « médecin du futur » pour « l’Ehpad du futur » ?

Un « Ehpad plateforme », qui deviendrait le hub local des services apportés aux personnes âgées dépendantes. Un lieu de vie plutôt qu’un lieu de soin, dans lequel ne trouverait plus des « résidents », mais des « habitants ». Une structure capable de se projeter à l’échelle d’un territoire et d’intervenir au domicile. Voilà les contours de l’Ehpad du futur tels qu’esquissés par le think tank « Matières grises » dans un rapport rendu public au début du mois. Le seul hic, c’est que si ce document passionnant est très disert sur l’architecture des lieux ou sur le financement des services, il l’est moins sur le rôle des médecins. L’Ehpad du futur entendrait-il se passer des services d’Hippocrate ?

Pas du tout, répond Luc Broussy, qui pilote le think tank et qui est aussi le président de la filière « France Silver Eco ». « C’est vrai que nous prônons la distinction la plus claire possible entre le lieu de vie et le lieu de soins, mais cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas y avoir de soin dans l’Ehpad du futur, argumente-t-il. Seulement, il faut que le soin soit moins visible. » Et dans son esprit, des soins « moins visibles », cela ne veut pas dire « moins de médecins ». Bien au contraire.

Médecin temps plein

« Nous estimons que le soin, qu’il soit dirigé vers les résidents de l’Ehpad ou vers les personnes qui sont à l’extérieur, est en réalité l’un des principaux atouts de l’Ehpad, poursuit celui qui est par ailleurs l’un des hauts responsables du Parti socialiste. On ne pourra donc plus se contenter d’un médecin coordinateur qui passe quelques jours par semaine, il faudra au moins un médecin salarié à plein temps. »

Car Luc Broussy le souligne : alors que les médecins se font de plus en plus rares sur le territoire, les Ehpads, eux, sont bien présents. « 70 % de la population a un Ehpad à moins de 5 kilomètres », note-t-il. L’idée est donc d’utiliser l’Ehpad comme une « plateforme de services », avec une équipe coordonnée par un gériatre et capable de se rendre utile bien au-delà des murs qui l’entourent.

Et bien sûr, cet Ehpad du futur se doit d’après « Matières Grises » d’utiliser toutes les ressources offertes par la télémédecine. « Cet outil est crucial », estime Luc Broussy, qui précise que la télémédecine pourra non seulement permettre aux Ehpads d’offrir lui-même des services à distance, mais aussi de renforcer les coopérations avec les établissements hospitaliers des environs. Un programme alléchant pour les médecins, donc… qui ne demande qu’à être financé. À ce sujet, « Matières Grises » tient à la disposition des députés un amendement prêt à voter. Tiens, au fait, il n’y aurait pas une loi « Grand âge et autonomie » en préparation ?

 

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