Quatrième année d’internat, refus de paiement des cotisations, certification périodique, délégation de tâches, les réponses du Président de l’Ordre

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François Arnault, nouveau président de l’Ordre National des médecins depuis juin, a accordé à what’s up doc une interview. Il nous révèle ses grands axes de travail et les positions de l’Ordre sur les sujets épineux du moment.

Quatrième année d’internat, refus de paiement des cotisations, certification périodique, délégation de tâches, les réponses du Président de l’Ordre

François Arnault, nouveau président de l’Ordre National des médecins depuis juin. 

© Conseil national de l’Ordre des médecins

What's up doc : Nouveau président de l’Ordre, sur quoi allez-vous mettre l’accent, quels sont les grands travaux que vous allez porter lors de votre mandat ?

François Arnault : Dans une temporalité riche en événements et en enjeux pour les patients et les médecins, les principaux seront pour nous :

la démographie, l’accès au soin sur le territoire et la fin de vie. Nous interviendrons pour fixer la place et le rôle du médecin sur ce problème de société.

Nous avons 650 000 patients en affection longue durée qui n’ont pas de médecin traitant c’est le point de rupture, c’est inadmissible.

Quelles sont les idées de l’ordre pour faciliter l’accès au soin ?

F A. : Créer une équipe de soin dans l’ensemble des territoires, qui s’appuie sur l’ensemble des professionnels de santé, coordonnée par le médecin. Nous avons signé les accords du CLIO en ce sens. Pour nous un patient doit avoir un examen médical pour avoir un diagnostic et c’est le rôle du médecin.

Notre proposition est de libérer du temps médical pour les médecins afin qu’ils puissent prendre en charge les patients  qui sont dans ce territoire, par la coordination de soins avec les autres professionnels de santé dans leurs champs de compétences.

Certains ordres ont demandé une approche généraliste sur certaines pathologies des patients. Mais, celui qui peut orienter le patient pour qu’il n’y ait pas de perte de chance, c’est le médecin. Le gouvernement veut allonger la formation des médecins généralistes, ce n’est pas pour que quelqu’un qui a trois ans de formation fasse les choses à sa place. Il faut que les médecins prennent leur responsabilité pour permettre aux patients qu’il n’y ait pas de perte de chance.

La délégation de tâche est une bonne chose, à partir du moment où elle est coordonnée par le médecin. Il faut que l’accès au soin soit clair. Chacun doit respecter la compétence et la formation initiale de l’autre. Pour que le patient ne soit pas trompé.

« Nous avons 650 000 patients en ALD sans médecin, c’est inadmissible, nous comptons bien agir ! »

Ces derniers temps, beaucoup de médecins remettent en cause l’autorité de l’Ordre National des médecins suite au rapport de la Cour des Comptes et refusent de payer leur cotisation. Comment vous positionnez-vous sur ce sujet ? Que comptez-vous faire pour redorer l’image de l’Ordre ?

F A. : Je peux comprendre la construction de cette réaction. Quand le rapport de la Cour des comptes a été publié, l’exécutif de l’Ordre a décidé de mettre en place toutes les recommandations de la Cours des comptes. À l’époque, j’étais secrétaire général, je les ai mises en place, nous les avons toutes respectées. Nous avons pris des décisions fortes et pour 99 % des sujets c’est fait.

En ce qui concerne de redorer le blason de l’Ordre, je pense qu’il est totalement dans ses missions. Nous devons être clairs dans nos objectifs et c’est ce que j’essaie de faire. Nous ne faisons pas de corporatisme médical. Nous sommes là dans l’intérêt de la population.

Nous avons eu un pré-rapport de la Cour des comptes. Ils sont venus voir si nous avions appliqué leurs recommandations. Le premier rapport le confirme, nous avons fait ce qu’il fallait pour respecter les cotisations de nos membres. Les conclusions de la Cour des comptes vont être rendues publique. Nous avons l’attention d’être complétement transparents dessus.

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« Les internes font vivre les hôpitaux, ce sont eux qui assurent le soin auprès des médecins titulaires et des chefs de service »

Quelle est la position de l’Ordre sur l’ajout de la quatrième année et des mesures coercitives qui font l’objet de plusieurs grèves ?

F A. : Nous sommes tout à fait contre la coercition. Ce n’est pas la solution et cela ne fera que rendre encore plus impopulaire ce métier chez les jeunes confrères. C’est une solution que nous combattons avec les syndicats quand nous rencontrons le gouvernement. J’ai été maire longtemps, je comprends la tentation des élus territoriaux de proposer cela, mais c’est une mauvaise proposition. 80 % du territoire est en zone sous-dense ou allons-nous prendre le surplus ? Partout il faut des médecins. C’est l’organisation de soins coordonnés par le médecin qui permettra à la population de ne pas être en dehors du soin. En ce qui concerne la quatrième année, longtemps des jeunes internes ont été favorables à cette année. Des rapports ont été faits sur ce sujet. Maintenant, proposer cette quatrième année au moment où nous sommes en recherche de solution territoriale en disant : « il faut mettre les jeunes internes là où il n’y a pas assez de soin », nous sommes contre ! Cela doit être une année de formation, les étudiants doivent être accompagnés par des maîtres de stages. Il doit y avoir une réelle valorisation de l’interne. Et enfin, il faut résoudre le problème de la rémunération car la plupart ont une famille. Les internes font vivre les hôpitaux, ce sont eux qui assurent le soin auprès des médecins titulaires et des chefs de service, ce sont eux qui sont proches des malades, en particulier durant les quatre dernières années.

À partir du 1er janvier 2023, il y aura quatre piliers à valider pour la certification périodique, avez-vous des informations à nous communiquer ?

F A. : Le conseil national de la certification périodique fera les annonces et donnera les objectifs des quatre piliers. Nous avons un représentant au conseil de la certification, à l’origine de la certification. Nous sommes en partenariat avec eux, nous attendons leurs directives. Nous aurons un rôle à jouer dans l’accompagnement des médecins.

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