Pierre Nora ? Un vrai fils de…

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« Tu seras médecin comme moi, mon enfant. » Nombreux sont ceux qui ont obéi à cette injonction, verbalisée ou subliminale. Mais il y a aussi eu des rejetons de praticiens pour se détourner de la voie familiale toute tracée… et rencontrer le succès. La preuve aujourd’hui avec Pierre Nora.

Pierre Nora ? Un vrai fils de…

Historien, académicien, éditeur, directeur de la défunte revue Le Débat, on ne présente plus Pierre Nora, célèbre pour avoir, entre autres, dirigé les trois épais tomes des fameux Lieux de mémoire. On ne le présente plus, mais on le connaît mieux depuis quelques mois, avec la publication d’un livre beaucoup plus court que les Lieux de mémoire et leurs quelque 5000 pages : Jeunesse, ouvrage dans lequel ce monument du paysage intellectuel français a consigné ses souvenirs personnels, et dont l’un des personnages principaux est un urologue parisien, chef de service à l’hôpital Rothschild pendant de nombreuses années : son père, Gaston Nora.

Et à en croire la description que Pierre Nora donne d’une journée type de son géniteur, la vie de celui-ci n’avait rien de fantaisiste. « Debout à 6h30, trois ou quatre opérations chirurgicales jusqu’à 13 heures à l’hôpital Rothschild ou à la clinique de la rue de Turin, écrit l’historien dans Jeunesse. De 14 heures à 18 heures, consultations privées. À 18 heures, retour à l’hôpital pour contrôle des opérés du matin. Dîner rapide et soirée dans le bureau, ma mère en face de lui […] pendant qu’il appelait confères ou familles de malades, puis rédigeait son courrier à la main. » C’est donc un médecin entièrement dévoué à sa tâche que décrit Pierre Nora, un homme qui, durant les repas, « décrochant le téléphone, commentait, tout en mangeant, les visites hospitalières du matin : "J’ai tâté la verge, elle était turgescente, purulente, etc.) »

Chirurgien sur le tas

On comprend mieux cette austérité quand le fils décrit le parcours de son père, qui a passé sept ans sous les drapeaux entre 1912 et 1919, a fini la première guerre mondiale avec la Croix de guerre, a passé la seconde dans la Résistance à Paris tout en mettant sa famille, menacée de déportation car juive, à l’abri dans le Vercors… « La guerre l’avait fait chirurgien sur le tas, habitué à faire face à tous les imprévus, à prendre à chaque instant, devant des corps déchiquetés, des décisions vitales », écrit l’intellectuel.

En plus de Pierre Nora, la descendance de l’urologue compte une autre célébrité nationale : Simon Nora, frère aîné de l’historien, haut fonctionnaire très en vue dans les années 1950 et 1960 qui fut notamment l’un des principaux collaborateurs de Pierre Mendès-France et de Jacques Chaban-Delmas. Jacqueline et Jean, les deux autres membres de la fratrie, eurent moins de gloire, mais ils sont décrits par leur frère avec une grande affection dans Jeunesse. Et on peut noter que Jean Nora fut le seul à suivre les traces paternelles et à embrasser la carrière médicale, pour devenir gastro-entérologue.

Reste qu’à en croire Pierre Nora, la réussite professionnelle de sa progéniture n’a pas suffi à combler son père, qui voyait son intellectuel de fils « comme un petit Marcel Proust » et qui a été déçu du résultat, écrit l’historien. Ce dernier ne précise pas si le fait que l’auteur d’À la recherche du temps perdu ait été, lui aussi, fils de médecin, jouait un rôle particulier dans le choix d’un tel modèle.

 

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