Olivier Saint-Lary : « La médecine générale a nettement amélioré son attractivité »

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La médecine gé gagne deux places dans notre classement des Spé 2021 / 2022. Deux faits attestent de la bonne dynamique de son attractivité auprès des étudiants, selon Olivier Saint-Lary*, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) : la major a choisi la discipline, et tous les postes ont été pourvus.

Olivier Saint-Lary : « La médecine générale a nettement amélioré son attractivité »

WUD : Comment jugez-vous l’attractivité de la médecine gé auprès des étudiants, cette année ?

Olivier Saint-Lary : Premier élément, symbolique : la major a choisi la médecine générale, une première ! Cela aurait été inenvisageable il y a encore quelques années, je pense qu’un grand chemin a été parcouru. Lorsqu’elle a été interrogée sur la raison de son choix, elle a répondu que ce sont ses stages (et ses maîtres de stages) qui l’ont convaincue, cela me réjouit. Ensuite, lorsque l’on regarde la dynamique globale, et notamment la réforme de 2017, nous voyons bien que la médecine générale a nettement amélioré son attractivité.

Il y a encore 4 à 5 ans, il y avait très souvent de nombreux postes vacants. Nous avions beau ouvrir plus de postes en médecine générale, ils n’étaient pas choisis par les internes, ce qui posait de nombreux problèmes ensuite d’accès et d’offre de soins dans les territoires. L’année dernière, ils étaient presque tous pourvus. Cette année, ils ont tous été pourvus. Avant 2005, la médecine gé était un choix par défaut -la discipline n’était même pas présente au concours de l’internat… Aujourd’hui, c’est le choix de la major, ce n’est pas que symbolique, c’est historique ! Cela fait globalement trois ans que la dynamique est bonne.

WUD : Un commentaire sur l’évolution de la médecine gé, par rapport aux autres spécialisations ?

O. S.-L. : Traditionnellement, ce sont les disciplines qui apportent les meilleures rémunérations qui arrivent en tête des choix des internes : la radio, l’ophtalmo, la chirurgie plastique… Un point que je trouve intéressant : nous retrouvions auparavant toujours à peu près le même scénario : lorsqu’ils étaient au début de leur cursus, les étudiants imaginaient souvent faire de la médecine générale un choix prioritaire (la discipline les intéresse, c’est une prise en charge globale, etc.), et puis, les études avançant, ne découvrant pas concrètement la discipline et se construisant exclusivement à l’hôpital, ils changeaient d’avis…

Je livre l’info en exclusivité mondiale à WUD : le recensement du nombre de maîtres de stage, réalisé annuellement par le CNGE et le SNEMG a été fait : nous en sommes à 11.600 maîtres de stage ! Nous pourrons donc garantir aux internes que nous serons au-dessus des 12.000 au moment où ils rentreront en phase de consolidation.

WUD : On ne se projette pas dans une discipline qu’on ne connaît pas…

O. S.-L. : Oui, et la médecine générale se retrouvait alors en fin du classement (voire avec de nombreux postes non-pourvus). Depuis que les stages de 2e cycle se multiplient en ville, on voit son attractivité augmenter. Même si nous ne sommes pas encore au niveau de la radiologie (ça arrivera peut-être quand le développement de l'intelligence artificielle modifiera la rémunération des radiologues !), nous progressons. Les choix qui sont motivés par le niveau de rémunération financière fluctuent : on l’a vu avec la biologie médicale, qui était dans les premiers choix quand elle était très rémunératrice et assez peu chronophage ; maintenant qu’elle est moins lucrative, elle en souffrance. Pour la médecine gé, les motivations sont avant tout liées à l'intérêt pour leur futur métier, les critères financiers n’ont jamais été prioritaires.

WUD : Un mot sur la réforme du 3e cycle. Quelle est la situation ?

O. S.-L. : Les étudiants ne souhaitaient pas la mise en place de la phase de consolidation tant que les capacités de formation n’étaient pas suffisantes : il n’y avait pas assez de maîtres de stage pour les accueillir dans de bonnes conditions. Il n’était pas question de faire une 4e année à l’hôpital comme « main d’œuvre pas chère » (pour reprendre leur expression) alors que leur projet était de s’installer en ville -ils souhaitaient des stages ambulatoires. Quand la réforme s’est mise en place en 2017, on en était à 9000 maîtres de stage -les étudiants exigeaient que l’on remette à l’ordre du jour cette 4e année quand on arriverait à 12.000 maîtres de stage. Je livre l’info en exclusivité mondiale à WUD : le recensement du nombre de maîtres de stage, réalisé annuellement par le CNGE et le SNEMG a été fait : nous en sommes à 11.600 maîtres de stage ! Nous pourrons donc garantir aux internes que nous serons au-dessus des 12.000 au moment où ils rentreront en phase de consolidation. Nous avons créé un comité de suivi (coordonné par les Professeurs Luc Mouthon et Benoît Veber) et beaucoup travaillé avec l’ensemble des syndicats étudiants pour avancer sur un projet global de médecine gé en 4 ans qui intègre cette phase de consolidation.

Le classement des Spé 2021 - 2022

* professeur de médecine générale à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines

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