Négos conventionnelles : les jeunes médecins doivent faire confiance à leurs a^inés

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De par leur statut, les syndicats de jeunes médecins ne peuvent pas prendre part aux négociations conventionnelles. Une situation que certains trouvent normale, mais que les principaux intéressés se sont appliqués à dénoncer au cours des derniers mois.

Négos conventionnelles : les jeunes médecins doivent faire confiance à leurs a^inés

À l’heure où nous mettons sous presse, nous ne connaissons pas l’issue du feuilleton des négociations conventionnelles, qui tient les libéraux en haleine depuis le mois de mars. Mais nous savons déjà une chose : certains jeunes médecins auraient aimé y participer davantage. « Les jeunes demandent officiellement à l’ensemble des partenaires conventionnels d’être associés […] aux discussions en cours », écrivaient en mars dernier dans un communiqué commun l’ANEMF, l’ISNAR-IMG, l’ISNCCA, l’ISNI, ReAGJIR et le SNJMG*. « Ce n’est qu’avec la participation de ceux qui feront la médecine de demain que les conditions d’exercice en libéral pourront évoluer. »

Il n’y a qu’à gagner les élections

Et pourtant, c’est la loi de la convention : seuls prennent part aux négociations les syndicats dits représentatifs, c’est-à-dire ceux qui ont été jugés tels à la suite des élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS).

Alors si les jeunes médecins veulent participer, rien n’est plus simple : ils n’ont qu’à gagner les élections. C’est en substance le message du Dr Jean-Paul Ortiz : « Il y a 5 syndicats représentatifs, et il ne me paraît pas raisonnable d’ouvrir la porte à tous ceux qui réclament un siège », déclare le patron de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).

Où sont les remplaçants ?

Sauf que les choses ne sont pas si simples. « Il se trouve qu’une grande partie de notre électorat potentiel, à savoir les remplaçants, ne peut pas voter aux URPS », explique le Dr Émilie Frelat, présidente du SNJMG. Une situation que certains ne sont pas loin de comparer à un déni de démocratie. « La place des remplaçants dans le système de santé est importante, et il serait logique qu’ils soient représentés », souligne le Dr Jacques-Olivier Dauberton, président du ReAGJIR.

Et pourquoi pas s’investir chez les seniors ?

La voie électorale leur étant fermée, les jeunes médecins disposent d’une autre option pour être représentés aux négos conventionnelles : s’investir dans les structures dites « séniors ». C’est le choix qu’a par exemple fait le Dr Mickaël Riahi, ancien président du SNJMG devenu membre du bureau de la section « Jeunes Médecins » de la CSMF. Une décision qui le satisfait pleinement. « À la CSMF Jeunes Médecins, on peut porter des idées, mais dans l’échange avec des médecins qui ont davantage d’expérience », indique-t-il. Du point de vue du SNJMG toutefois, il y a trop de différences entre les revendications portées par les jeunes médecins et celles que mettent en avant les séniors. « La grande ligne de fracture, c’est le mode de rémunération », explique Émilie Frelat. Même son de cloche côté ReAGJIR. On y considère que l’augmentation du C, véritable graal des séniors, ne doit pas être le but ultime de toute action syndicale : « Nous défendons depuis longtemps une diversification des rémunérations et notamment une augmentation de la part forfaitaire », rappelle Jacques-Olivier Dauberton.

La question de la représentativité

Mais pour Mickaël Riahi, ces revendications ne sont pas représentatives des préoccupations des jeunes médecins. « Le SNJMG et ReAGJIR ont tendance à oublier les jeunes spécialistes, ou les jeunes généralistes qui n’ont pas forcément envie de s’installer en maison de santé », tacle ce généraliste qui a pourtant monté un pôle de santé. « Il ne faut pas oublier que les jeunes médecins sont aussi représentés par les jeunes qui militent dans les syndicats séniors ».

Jeune médecin, choisis ton camp !


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Les structures jeunes reçues en haut lieu

À la suite de leur coup de gueule, les représentants des structures jeunes ont été reçus au plus haut niveau dans le cadre des négociations conventionnelles : une fois par la Ministre de la Santé, et deux fois par le Directeur de l’Assurance Maladie. Deux rendez-vous dont ces représentants sont ressortis confiants. « Ils ont bien entendu nos propositions, ils ont paru intéressés », raconte Émilie Frelat, du SNJMG. Les structures jeunes ont par ailleurs assisté à trois séances de négociations, à titre d’observateurs. Insuffisant à leurs yeux, mais c’est un bon début. « On ne demande pas à signer la convention, on demande juste à donner notre avis sur un certain nombre de points », explique Jacques-Olivier Dauberton, de ReAGJIR. Et c’est ce qu’ils ont eu l’occasion de faire… en attendant mieux.
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* Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), Intersyndicat national des chefs de clinique et assistants (ISNCCA), Intersyndicat national des internes (ISNI), Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG).

 

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