Médecine hospitalière : la revue de la médecine polyvalente

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Autofinancée, autoproduite, autonome

Médecine hospitalière : la revue de la médecine polyvalente

Dans les services de médecine polyvalente, les pathologies prises en charge font appel à de nombreuses compétences. La spécialité a désormais sa revue en français : Médecine hospitalière.

Pas toujours facile de faire son trou dans le secteur des revues médicales, où les éditeurs sont tout-puissants. Une petite tente malgré tout de se faire connaître, dans un domaine spécialisé : Médecine hospitalière, qui traite de médecine polyvalente. L’occasion pour What’s up Doc de donner un petit coup de pouce !

Pourquoi cette revue en particulier ? Parce qu’elle est totalement indépendante, financée par les abonnements, sans publicité, francophone, et montée par des bénévoles. Aussi parce qu’elle concerne directement la pratique. Contacté par WUD, son rédacteur en chef, le Dr Léonardo Astudillo, spécialiste en médecine interne au CHU de Toulouse, nous en dit plus.

What’s up Doc. Comment Médecine hospitalière est-elle née ?

Léonardo Astudillo. La médecine polyvalente est transversale. Elle est pratiquée par  des gériatres, des internistes, des médecins polyvalents, des médecins de soins de suite et de réadaptation (SSR), des médecins somaticiens en psychiatrie et les post-urgentistes... Mais cette pratique manque de formation continue. Après que le Pr Arlet a créé un DU de médecine polyvalente, nous avons pensé à diffuser ces enseignements, notamment à destination de médecins plus isolés, qui exercent au sein de petites structures.

WUD. Qu’est-ce qui différencie votre revue des autres ?

LA. Les autres revues sont soit généralistes, soit très spécialisées. Il en existe de bonnes en médecine interne, mais qui ne traitent pas d’infectiologie, de la rétention d’urine ou de l’anémie par exemple. Notre travail est orienté vers la médecine hospitalière, sur des pathologies fréquentes et la prise en charge globale des patients, avec toutes les compétences que cela requiert. Personne d’autre ne couvre cette niche transversale. 

WUD. Comment fonctionne-t-elle ?

LA. Nous publions 4 numéros par an. Chaque numéro se compose de sept articles de revue générale, d’un cas de radiologie, d’un cas clinique et d’une image clinique. Il est complété par des fiches pratiques. Tous sont rédigés par des médecins, reconnus pour leur compétence dans le domaine de la revue générale et relus par des experts que nous choisissons. Nous abordons des notions générales, de révisions ou de mises à jour, sur des thématiques qui peuvent être très fréquentes, comme la prévention de la thrombose par exemple.

WUD. Pourquoi vouloir faire du papier à tout prix ?

LA. C’est vrai que c’est plus compliqué. Mais dans un objectif de formation, nous avons pensé que la revue physique était importante. Elle traîne à droite ou à gauche, on peut la reprendre chez soi ou à l’hôpital quand on a un peu de temps.

WUD. Quel est votre modèle économique ?

LA. Lorsque nous avons lancé l’idée, nous nous sommes tournés vers les éditeurs médicaux. Mais ils voulaient nous inclure dans d’autres revues, ou alors nous demandaient 60 000 euros que nous n’avions pas. Ils ne voulaient pas prendre de risques, alors qu’on leur fournissait le produit clé en main. Nous avons donc décidé de nous tourner vers un imprimeur et de tout faire nous-mêmes. Nous fonctionnons avec un abonnement, dont le prix de base est de 65 euros par an, avec des tarifs spéciaux pour les internes, les sociétés savantes ou pour ceux qui se contentent de la version PDF. Comme nous sommes une association loi 1901, tout l’argent gagné doit être investi, principalement pour financer l’impression et l’envoi. L’idée est de rester totalement indépendants.

WUD. N’est-ce pas peine perdue ?

LA. Non, mais nous sommes obligés de mettre la main à la pâte. Nous sommes tous bénévoles, et je mets même mon fils à contribution au moment de la distribution ! Il a fallu trouver nous-mêmes les outils en ligne pour la mise en page, mais nous espérons grandir et pouvoir nous développer.

WUD. Comment expliquer qu’elle soit encore confidentielle ?

LA. Le problème, c’est que nous avons du mal à identifier notre cible. Une revue de cardiologie va demander au CNOM la liste des cardiologues, et ils sauront à qui s’adresser. Mais pour nous, c’est différent. Les médecins généralistes qui travaillent en SSR, dans des services de médecine polyvalente ou encore dans les unités de psychiatrie ne sont pas inscrits à l’Ordre en tant que tels. C’est pour cela que nous sommes ravis que vous puissiez parler de nous !

Pour visiter le site de Médecine hospitalière, ça se passe par ici.

Crédits photo : Giulio Magnifico/Flickr

Source:

Jonathan Herchkovitch

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