Médecine du travail = médecine à la cha^ine ?

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Pas si vite…

Médecine du travail = médecine à la cha^ine ?

La médecine du travail a mauvaise presse, et occupe encore cette année la dernière place de notre classement des spécialités les plus convoitées par les jeunes internes. Une situation que les médecins du travail s’appliquent à faire changer.

 

C’est un peu une tradition : tous les ans, c’est la médecine du travail qui récupère la cuillère de bois au classement What’s Up Doc des spécialités préférées des jeunes médecins. Cette année encore, les nouveaux internes de cette discipline avaient un rang moyen aux ECN de 7 278, soit plus de 350 places derrière ceux qui ont choisi la biologie médicale, avant-dernière du classement.

Cette situation est bien connue des médecins du travail. « L’image que nous avons auprès du grand public, et donc des étudiants, est celle d’une médecine à la chaîne, où l’on voit des patients qui n’ont pas demandé à venir, et qui n’ont pas de problèmes de santé particuliers », déplore le Pr Jean-Marc Soulat, président du Collège des enseignants hospitalo-universitaires de médecine et santé au travail (EHUMT).

« Crise d’identité »

Ce PU-PH estime que la spécialité souffre d’une véritable « crise d’identité » aux racines profondes. « La médecine du travail française est fondée sur l’idée d’éviter toute altération de la santé du fait du travail », constate-t-il. « Si vous êtes médecin pour éviter toute altération de la santé, vous êtes un sacré idéaliste ! »

Face à ce diagnostic sévère, l’ordonnance de Jean-Marc Soulat passe par la création d’une identité de spécialité, et ce dans le contexte d’une baisse importante du nombre de médecins du travail. Des professionnels moins nombreux pourraient d’après lui se concentrer sur des activités où ils apportent une réelle valeur ajoutée.

Le PU-PH cite l’exemple de la Finlande où, assure-t-il, « la médecine du travail est la deuxième spécialité la plus choisie », et où les professionnels « sont très peu nombreux, travaillent en interdisciplinarité, dans une démarche projet. »

« Une fenêtre sur la société »

Faut-il alors changer de modèle pour améliorer l’attractivité de la médecine du travail auprès des externes ? Pas si sûr, car il n’est pas difficile de trouver des médecins du travail qui aiment ce qu’ils font.

« C’est une médecine préventive, qui prend la personne dans sa globalité », s’enthousiasme le Dr Mireille Chevalier, médecin du travail en service inter-entreprise et Secrétaire générale par intérim du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST). « Et puis, c’est une fenêtre sur la société. »

Un petit effort de com’ ?

Pour Mireille Chevalier, le problème tient en partie à une méconnaissance de la discipline de la part des futurs médecins. « C’est une spécialité qui n’est pas du tout enseignée en deuxième cycle », déplore-t-elle. Il y a donc des efforts à faire du côté de la communication.

Les jeunes médecins du travail bougent d’ailleurs en ce sens. L’Association nationale des internes de médecine du travail (ANIMT) œuvre par exemple « pour mieux présenter la spécialité aux externes et pour casser les clichés », explique Edouard Dalle, son président. Parmi les activités de l’ANIMT, il cite la distribution d’une plaquette à la sortie des ECN.

De la lecture patienter en attendant une transition vers le modèle finlandais ?

Source:

Adrien Renaud

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