Manifestation des Psy : Un terrain de colère

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Les psychologues maltraités sont vent debout. Jeudi dernier, ils se sont rassemblés aux quatre coins de la France pour dénoncer ce qu’ils voient comme la « prolifération de mesures et annonces qui disqualifient les psychologues ».

Manifestation des Psy : Un terrain de colère

Ils étaient nombreux à s’être rassemblés devant le Ministère de le santé. Ce jeudi 10 juin, plus de 400 psychologues selon la police ont battu le pavé à l’appel de la CGT, de la Fédération Française des Psychologues et de la Psychologie ou encore du Syndicat National des Psychologues. « Le parvis débordait ! J’ai eu l’impression qu’on était plus de mille », confie Caroline Fanciullo, co-fondatrice du collectif Manifeste Psy qui était présente lors de la manifestation. « Nous pensions que la manifestation se concentrerait à Paris. Finalement, des mouvements ont été organisés dans une quarantaine de villes », se félicite, de son côté, Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du SNP.

« Vous la voyez la colère ? », pouvait-on lire notamment sur la pancarte d’une manifestante à Nîmes. Son origine notamment ? Les dispositifs entourant le remboursement des psychologues qui sont jugés hors-sol par les professionnels. « Nous demandons le retrait des différentes expérimentations sur le remboursement », peut-on lire en bonne place sur l’appel à la grève. « Elles ne sont pas en phase avec la réalité du terrain, s’agace Caroline Fanciullo, qui a organisé la lutte de son collectif autour de cette unique question. Une tarification à 22 euros quand on a 50 % de charges, ce n’est pas possible. Et accéder au psychologue uniquement sur prescription d’un médecin traitant, c’est simplement un ping-pong exposant pour le patient ! ». 

Une analyse partagée par Patrick-Ange Raoult qui s’agace : « Nous sommes tout à fait capable de faire des évaluations diagnostiques et de réorienter les patients si c’est nécessaire. C’est une non reconnaissance de nos certifications professionnelles ». Cela, sans oublier que le chrono mis en place par le gouvernement, prévoyant notamment dix consultations de 30 minutes, c'est bien loin d’être suffisant pour des consultations complexes. « C’est une vision bureaucratique. Quand vous avez quelqu’un qui veut se suicider dans votre cabinet, vous ne lui dites pas « Merci, au revoir » au bout de trente minutes ! », poursuit le secrétaire général.

Manifeste Psy

Des mesures vécues comme une « paramédicalisation forcée » qui ont provoqué l’ire de cette profession plutôt habituée à la discrétion. « Pour les psychologues, c’est la plus grande manifestation jamais vue. Notre corps de métier n’est pas révolutionnaire ni militant, mais il y a un véritable raz-le-bol et une incompréhension des orientations choisies par le ministère de la Santé », explique le syndicaliste. Et la co-fondatrice du Manifeste Psy de renchérir : « On écoute dans nos cabinets. Nous ne sommes pas des grandes gueules, sauf quand on se fait laminer. On ne peut pas cautionner une pratique dégradante dont on est responsable ».

Une colère latente que les syndicats ont pu porter au sein du Ministère de la Santé. « Nous avons rencontré les conseillers d’Olivier Véran et d’Adrien Taquet », atteste Patrick-Ange Raoult. De cet échange pourtant, seule de la frustration semble en être sortie. « On a l’impression qu’on se moque un peu de nous », commente le secrétaire général. Une sensation de ne pas être écoutés qui devrait laisser encore plus de place au rejet des mesures de remboursement imaginées par le gouvernement. « On va les boycotter tant que faire se peut », confirme Patrick-Ange Raoult.

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