L’OMS s’oppose à Crispr in utero

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À la suite du scandale des bébés Crispr chinois « augmentés », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris une position claire : elle ne cautionnera pas de modification génétique sur les embryons humains… pour l’instant.

L’OMS s’oppose à Crispr in utero

« Il serait, pour l’instant, irresponsable que quiconque mette en œuvre des applications cliniques de modifications génétiques de la lignée germinale humaine ». La déclaration publiée fin juillet, émanant du Comité consultatif d’experts de l’OMS, est claire. L’OMS « conseille aux autorités dans les domaines réglementaire et éthique de s’abstenir d’approuver des demandes relatives à des applications cliniques de travaux » dans le domaine.
 
Elle justifie cette décision (temporaire) par des problèmes éthiques et techniques « d’une ampleur sans précédent ». L’OMS restera sur cette ligne de conduite « tant que les implications n’auront pas été convenablement examinées », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, son directeur général. Elle demande donc aux États d’en faire de même.

Passe ton bac d’abord

L’institution réagit ainsi fermement à l’annonce faite par He Jiankui, généticien à l’université de Shenzhen (Chine), de la naissance de deux jumelles dont le génome aurait été modifié. Une annonce fait via une vidéo sur Youtube, dans laquelle il vante son exploit, la bonne santé des deux bébés, et la réussite de l’édition génétique ciblée.
 
Il aurait notamment désactivé le gène CCR5, dont l’inhibition bloque la contamination par le VIH. Entre prouesse technique et scandale éthique, la communauté scientifique internationale a fait son choix en condamnant fermement l’annonce du chercheur. Ils critiquent notamment sa précipitation à sauter le pas et faire des essais directement sur l’être humain, alors que Crispr a montré des effets indésirables et des modifications hors cible.
 
Le Comité consultatif, qui se réunit à nouveau fin août, continuera d’explorer les implications et planchera sur la mise en place d’un cadre pour dissuader les chercheurs tentés par la modification génétique d’embryons en vue d’une grossesse humaine. Ils laissent tout de même la porte légèrement entrouverte, pour l’avenir : le sujet est délicat, car s’il pose des questions éthiques fortes, notamment sur l’amélioration génétique de l’être humain, des enquêtes réalisées un peu partout dans le monde suggèrent que les populations sont plutôt favorables aux modifications génétiques, dans le cadre de la correction de mutations liées à des maladies…
 

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