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« L’hôpital, le dessous des cartes » est un roman qui étudie les relations de travail à l’hôpital. A moins que ce ne soit un livre de socio qui s’est déguisé en roman pour décrire la vie des soignants. Un ouvrage original, en tout cas, où chacun retrouvera certainement un peu de son quotidien.
C’est un drôle de roman que ce « L’hôpital, le dessous des cartes »*. Tout d’abord, il a 4 auteures, ce qui n’est pas commun. Mais surtout, on dirait un livre de socio : il est doté d’une riche bibliographie et est truffé de notes de bas de page.
Il faut bien reconnaître que le style et l’intrigue n’en sont pas les charmes principaux. Le premier est neutre, et la seconde est d’une simplicité biblique : une aide-soignante fait une tentative de suicide sur son lieu de travail, le CHU d’une ville imaginaire de Bretagne.
L’attrait de ce roman est à rechercher ailleurs. C’est un livre qui décrit l’hôpital en adoptant le point de vue de ceux qui y travaillent. Le résultat est assez réaliste : on découvre un univers où tout le monde est sous pression, et où personne n’est satisfait.
De l’aide-soignante au directeur général, de la cadre de santé au médecin chef de pôle, de l’infirmière à l’urgentiste, chacun subit une réalité quotidienne marquée par l’intensification du travail, les réductions d’effectifs, les coupes budgétaires…
Œillères
Le livre met tous les points de vue à égalité, ce qui a pour effet de souligner les œillères dont chaque personnage est affublé. Le DG ne voit que son plan de retour à l’équilibre, le chirurgien que l’organe qu’il va opérer, la cadre que son planning et l’infirmière que le patient couché dans le lit.
Seuls deux personnages sont capables de prendre un peu de hauteur : la paire de consultants qui vient interviewer le personnel à la suite de la tentative de suicide pour proposer un plan de lutte contre les risques psycho-sociaux.
Et les médecins dans tout ça ? Ils sont loin d’être au premier rang, et ils n’ont pas forcément le meilleur rôle. Le premier d’entre eux ne fait son entrée dans le roman qu’à la page…. 95. Ce qui transparaît surtout, ce sont les luttes de pouvoir qui opposent les praticiens, et l’étroitesse de vue qui caractérise certains d’entre eux.
Certains lecteurs trouveront certainement que leur profession est caricaturée par les auteures. Mais ils apprendront certainement quelque chose sur les collègues qu’ils côtoient au quotidien, sans vraiment les connaître. Un livre à lire, donc !
* L’hôpital, le dessous des cartes, de Bertille Patin, Susanna Crossman, Isabelle Ganon, et Caroline Ruiller. Les Etudes Hospitalières, 2015. 402 pp, 24 €.
Source:
Adrien Renaud