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Aux côtés du Dr Nans Florens, l’Association Amicales des Étudiants en Médecine de Strasbourg (AAEMS) a mené l’enquête sur l'impact des organismes privés de préparation aux concours d'entrée en santé, ainsi qu'au second cycle des études médicales.
Aujourd’hui, le taux de passage en deuxième année est d’environ 14%. C’est peu, et pour se démarquer, les prépas privées semblent être une solution.
Or, l’étude le prouve : « statistiquement, les étudiants sans prépa ne réussissent pas moins bien que leurs camarades ‘préparés’ – parfois même au contraire. »
Quel est le profil des répondants à l’enquête ?
La plupart des personnes ayant répondu à l’enquête sont des femmes (71,5 %), contre 27,7 % d’hommes et 0,8 % de personnes se définissant comme « autre ».
Sur le plan académique, les plus représentés sont les étudiants de quatrième ou cinquième année (26 %), suivis de ceux de deuxième année (19,4 %), puis de troisième année (14,4 %) et première année (14,1 %). Les internes représentent 9,6 %, et les étudiants de sixième année, 12,7 %.
Concernant le parcours d’entrée en médecine, la majorité provient du système PASS/LAS/LSPS, suivi de la PACES, tandis que les anciens systèmes comme la PCEM sont peu présents.
Enfin, en termes de répartition géographique, les répondants sont principalement originaires de la région Est (37,7 %), puis du Sud-Est (17,6 %), de Paris (13,5 %), du Nord (10,4 %), de l’Ouest (10 %), du Sud-Ouest (8,3 %), et en moindre mesure de l’Outre-mer (2,6 %).
La prépa, un passage presque obligatoire mais pas si efficace…
Parmi ces quelques 2 300 répondants, 64,6% ont eu recours à une prépa privée durant leur première année d’études. Un chiffre qui grimpe à 72,4% pour ceux s’y étant inscrit pendant leur externat.
« La prépa privée apparaît presque comme un passage obligatoire aux yeux de nombreux étudiants, alimentée par le lobbying agressif des sociétés qui les proposent », souligne l’enquête.
L’efficacité académique est décrite comme « un bénéfice marginal voire nul. » En première année, le rang médian de ceux ayant eu recours à une prépa est 83e. Mais pour ceux n’ayant pas eu recours à une prépa privée, c’est légèrement plus haut ! Leur rang médian est 76e.
La réforme du deuxième cycle aurait un rôle prépondérant dans le choix d’adhérer à une prépa privée. « Avant la R2C, 57% des étudiants y avaient recours, depuis nous dépassons les 80%, et ce chiffera ne cesse d’augmenter », apprend-t-on via l’étude.
Pourtant, comme pour les étudiants de première année, la prépa au second cycle n’est pas synonyme de réussite…
Des techniques marketing qui jouent de la pression estudiantine
C’est indéniable, « la principale motivation des étudiants à recourir à une prépa privée est la volonté de maximiser leurs chances face à une sélection perçue comme extrêmement difficile. » Beaucoup d’étudiants s’inscrivent par peur de regretter. Un sentiment « renforcé par l’environnement ». Une logique décrite dans l’étude comme : « tout le monde le fait, alors moi aussi. »
Les entreprises de préparation privées savent la pression infligée (ou auto-infligée) aux étudiants. Et ils en jouent : présences physiques sur les campus universitaires (stands, événements, flyers), des publicités ciblées sur les réseaux sociaux, des partenariats implicites avec certains lycées, etc. Mais surtout : « un discours marketing jouant sur la peur de l’échec et la valorisation de leurs ‘taux de réussite’. »
Résultat : 2 étudiants sur 3 se disent « fortement incités à s’inscrire, avant même d’avoir tenté le cursus sans aide extérieure. »
Un « fardeau financier » et des sacrifices personnels
Au-delà de l’efficacité discutable des prépas privées, leur coût, lui, est considérable. « Les tarifs des principales prépas santé varient généralement de 3 000 à 7 000 € l’année. »
Si 84,2% des étudiants estiment que leurs parents avaient les moyens pour la financer, 12,8 % indiquent avoir dû travailler en parallèle ou avoir contracté un prêt bancaire (à leur nom ou à celui de leurs parents.)
Ces sacrifices financiers ont des conséquences. « Parmi les 22,7 % d’étudiants pour lesquels le coût des prépas constitue une source majeure de préoccupation (soit 541 personnes sur les 2 384 de l’échantillon), beaucoup ont dû faire des choix de vie contraignants pour joindre les deux bouts. »
Les conséquences sur la vie quotidienne des répondants sont multiples. La diminution des activités sociales arrive en tête, affectant 28,6 % des étudiants. Les sorties culturelles sont également sacrifiées (24,1 %). L’alimentation est compromise pour 8 % des personnes interrogées, ce qui peut indiquer des choix alimentaires contraints ou de moindre qualité. Enfin, 2,2 % déclarent carrément sauter des repas.
« Ce constat soulève une question d’équité : l’existence même de ces prépas privées onéreuses pourrait creuser l’écart entre étudiants, créant de fait une sélection non plus seulement sur le mérite académique mais aussi sur les moyens financiers », affirme l’étude.
En conclusion, « ce dossier révèle l’urgence d’une action publique pour garantir à tous les étudiants en santé des conditions d’études justes et ambitieuses, indépendamment de leurs ressources financières. »