Les médecins sont des humains

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Et parfois, ils souffrent eux aussi

Les médecins sont des humains

Le bien-être des soignants est un sujet qui a le vent en poupe. L’intersyndicale APH a annoncé la reprise de l’Observatoire de la souffrance au travail des praticiens hospitaliers. Sa mission : épauler les médecins dans la recherche d’une solution à leurs problèmes professionnels.

À force de soigner les autres, les médecins oublient parfois qu’eux aussi peuvent tomber malades, et souffrir d’un mal-être psychologique. Ils sont pourtant faits comme les autres. Syndicats et associations en sont maintenant bien conscients, et épaulent les médecins et l’ensemble des professionnels de santé.

Ce jeudi 7 décembre, l’intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH) a annoncé qu’elle serait désormais en charge de l’Observatoire de la souffrance au travail (Osat), avec pour mission d’« améliorer les conditions et l'épanouissement nécessaire des Médecins, Biologistes, Pharmaciens et Odontologistes [hospitaliers] au travail ».

Lutte finale à l’hôpital

Il ne s’agit pas là d’une prise en charge psychologique, mais plutôt d’une plateforme d’écoute syndicale et de conseils stratégiques. Huit personnes seront chargées d’analyser les situations des personnes qui y feront appel, et de répondre à leur détresse, « en fonction de l'expertise que l'on peut proposer en tant que syndicaliste », a expliqué Richard Torrielli d’Avenir hospitalier.

En première ligne, elles auront à gérer des plaintes de harcèlement. Sur 200 déclarations récoltées entre 2010 et 2015, il en représentait les deux tiers. La surcharge de travail, la désorganisation des services et le manque de reconnaissance pèsent aussi sur le moral des praticiens hospitaliers. Et pas seulement sur le moral.

Tentatives de suicides 

Le mal-être de certains praticiens déteint sur leur santé. Parmi les déclarations, des symptômes physiques étaient associés dans 28 % des cas. Deux cas de tentatives de suicide étaient également à déplorer.

Et ces cas hospitaliers se retrouvent aussi en libéral, harcèlement en moins. Une enquête de l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) parue cette semaine suggère qu’un soignant sur 4 a déjà eu des idées suicidaires en raison de son travail, et que 40 % connaissent un confrère qui a tenté de mettre fin à ses jours (en y parvenant dans un cas sur deux). Et ce, quelle que soit la profession, l’âge ou le sexe. Pharmaciens, médecins et infirmiers éprouvent des difficultés au quotidien, mais gardent souvent leur souffrance pour eux : seuls 42 % des sondés affirment en avoir parlé à quelqu’un.

Allô, docteur ?

Une situation à laquelle l’association tente de remédier. Elle a mis en place une plateforme d’appels (0 805 23 23 36), oriente les appelants vers des soignants ou des services spécifiques (juridiques, administratifs ou remplacements), et organise des séminaires de formation.

Les professionnels de santé ont, de plus en plus, accès à des aides, comme dans les autres métiers. Heures de sommeil réduites, cadences infernales à l’hôpital et au cabinet, relations professionnelles compliquées… Le secteur s’organise enfin pour aider ses travailleurs. Le tabou du médecin malade saute petit à petit.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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