Le reverse mentoring appliqué à la médecine, une bonne idée ?

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Et si demain un jeune interne enseignerait à un sage mandarin les rudiments du partage de posts, des retweets, ou de la publication sur CMS... Surréaliste, non ? C'est pourtant ce que préconise un think tank, #Leplusimportant, pour qui le reverse mentoring devrait être appliqué à la médecine. Explications. 

Le reverse mentoring appliqué à la médecine, une bonne idée ?

 Imaginez que des élèves fassent la leçon à leurs professeurs : déjà, ça parait suspect. Mais ajoutez au tableau le fait que les professeurs soient satisfaits de leurs cours et en redemandent. On est en plein délire ! Et bien non ! Nous sommes en reverse mentoring ! Apparu il y a une vingtaine d’années dans des grandes entreprises comme Général electric, le reverse mentoring, ou mentorat inversé, doit son succès à l’essor des nouvelles technologies. Car si les papy-boomers sont aux commandes des boites, en revanche ils ont souvent des décennies du retard en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), par rapport aux générations Y et Z digital native, qui surfent sur les réseaux sociaux aussi facilement que leur grand papa faisait du vélo.
Résultat, des dirigeants séniors ont décidé de se former aux nouvelles technologies auprès de vingtenaires qui peuvent être de simples employés juniors. Des magazines, des institut de formation, proposent leur formule pour instaurer dans de bonnes conditions le mentoring inversé : mise en place au préalable d’un programme et d’une planification adéquate, modestie, transparence.
 

Papy boomer vs génération Y

Quelles sont les générations en jeu ? Les baby boomers, nés entre 1946 et 1964, la génération X nés entre 1964 et 1976 et la génération Y née entre 1977 et 1998, sans parler de la génération Z, qui vient de débarquer sur le marché du travail. Dans le cadre du reverse mentoring, la génération Y devra partager ses connaissances avec la génération papy-boom en matière de recherche d’informations sur la toile, de protection des données, de contact avec de nouveaux clients via les réseaux sociaux, et de découverte de nouveaux outils et de nouvelles applications numériques. En France de grandes entreprises, comme Axa, Orange ou encore Danone ont été séduites par ce concept.
Et quid de l’hôpital ? Si l’idée parait séduisante, personne ne s’est encore risqué à demander à des internes de faire cours… à des mandarins. Si aucun directeur RH n’a mis en pratique ce concept, le think tank #leplusimportant l’a en revanche théorisé.
Rassemblant des experts et professionnels de tous horizons, professionnels de santé, directeurs d’hôpital, fonctionnaires d’ARS, consultants, experts du numérique, industriels, membres de cabinets ministériels, … #Leplusimportant a pour objectif de formuler des propositions opérationnelles et développe pour cela une approche documentée, indépendante et résolument innovante.
 

20 propositions

Pour préparer les étudiants et professionnels de santé à la révolution numérique à venir, #Leplusimportant a formulé une série de 20 propositions concrètes qu’il soumet aujourd’hui au débat public. Parmi ces propositions, l’instauration du mentoring inversé, methode pédagogique qui pourrait être reconnue par la Haute autorité de santé comme méthode développement professionnel continu (DPC) à part entière. Audacieux. Mais #Leplusimportant n’en reste pas là, en matière de formation continue, justement. Il préconise d’encourager des cursus complémentaires actuellement éloignés des professionnels de santé, dans les domaines de l’informatique et/ou de l’intelligence artificielle (IA). Pour ce qui est de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), les outils existent : l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) pourrait se charger de repérer les besoins à venir, et de faire des recommandations pour mettre à jour les compétences des professionnels concernés. Pour compléter les travaux de l’ONDPS, #Leplusimportant propose de structurer une veille sur les risques psychosociaux inhérents aux techs, mais aussi d'utiliser des techs pour améliorer le repérage et la prévention des risques auxquels sont soumis les travailleurs. La reconnaissance des compétences de chacun serait facilitée grâce à des évaluations numériques, rendant plus fluides la reconnaissance des compétences et la construction de parcours de formation.
Résolument engagé dans une démarche de co-construction, #Leplusimportant met en débat ces 20 propositions au travers d’une enquête ouverte à laquelle vous êtes invités à participer

Les résultats de cette enquête seront rendus publics à l’occasion du séminaire national de travail organisé le 7 février par #Leplusimportant sous le haut patronage et en présence de la ministre Agnès Buzyn, réunissant 80 acteurs pour confronter les points de vue entre patients, professionnels de santé, autorités publiques, industriels et représentants syndicaux.
Vous voulez participer à la réflexion sur la transformation technologique et numérique des métiers de la santé ? Participez à l’enquête !
 
 
 

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